Parts de marché à l'exportation, attractivité et base industrielle
Chaque année depuis 2006 un bilan complet de la compétitivité de l'économie française et de l'évolution de sa base industrielle, publié dans un document de travail public.
26/01/2023
Olivier REDOULESEntre 2021 et 2022, la France a légèrement augmenté sa part dans les exportations de biens et de services de la zone euro, sans effacer les pertes enregistrées depuis 2019. Ses produits manufacturés ont bénéficié d'une hausse des prix de production moins forte que la moyenne européenne et leur classement mondial sur les critères "hors-prix" a légèrement progressé. Mais le déficit extérieur français a touché un record en 2022 (près de 4% du PIB), tant d'un point de vue historique qu'au sein de la zone euro. Certes principalement due aux échanges énergétiques, l'aggravation du déficit concerne quasiment tous les secteurs industriels, les services enregistrant au contraire un excédent exceptionnel.
La part des exportations de la France dans les exportations de la zone euro a légèrement augmenté entre 2021 et 2022, tant pour les biens (+0,3 point) que pour les services (+0,2 point) pour s'établir à 12,4% en valeur. Elle reste cependant inférieure de 0,9 point à son niveau de 2019 du fait d’un recul sur les biens (-1,2 point en valeur), et ce sur presque tous les secteurs industriels.
Depuis 2019, l’Espagne, l’Italie et les Pays-Bas ont au contraire conservé ou gagné du terrain dans les exportations de biens (l'Italie reculant de 0,2 point sur l'ensemble biens et services). L’Allemagne a en revanche perdu des parts de marché, mais dans des proportions moindres que la France.
• En 2022, la France enregistre le déficit des échanges extérieurs le plus élevé depuis 1948
La France enregistre un déficit des échanges de biens et services équivalent à près de 4 points de PIB en 2022, soit le plus élevé depuis 1948 et le plus important des grands pays de la zone euro (sur les trois premiers trimestres de l’année).
Partie d’une position plus défavorable, la France a aussi connu entre 2019 et 2022 une dégradation du solde extérieur plus importante que la moyenne (-3,1 points de PIB, dont -2 points en 2022, contre -2,1 points pour la zone euro).
La facture énergétique explique environ 60% du recul intervenu entre 2019 et 2022 sur les échanges de biens, mais la chute du solde pour quasiment tous les secteurs manufacturiers explique les 40% restants.
Les échanges de services enregistrent un excédent record et exceptionnel de près de 50 Md€ en 2022, en lien avec le rebond important du commerce mondial et des prix internationaux de transport maritime.
• Globalement favorable, l'appréciation des biens de consommation français s'améliore légèrement
Selon l'enquête annuelle auprès des importateurs européens, le rang des produits français parmi les grands concurrents mondiaux progresse globalement dans l’agro-alimentaire et l’habillement, très bien notés sur les critères hors prix, et recule dans l’équipement du logement, la pharmacie et l'hygiène-beauté, avec une notation hors-prix toutefois satisfaisante. Les prix français sont en revanche jugés élevés.
1. La facture énergétique creuse le déficit du commerce extérieur à un niveau record
2. Les parts de marché de la France à l’exportation sont inférieures en 2022 à leur niveau de 2019
3. Les déterminants de la compétitivité des exportations de la France en 2022 pour l’industrie manufacturière
4. L’attractivité de la France comme lieu de production en 2021
5. L’évolution du positionnement en coûts de la France pour l’industrie manufacturière entre 2019 et fin 2022
Annexe : Résultats de l’enquête Compétitivité 2022 sur les biens de consommation
15/02/2022
Les indicateurs de la compétitivité de la France à l'exportation, déjà en recul en 2020, se dégradent encore en 2021. La France semble renouer avec deux caractéristiques du recul de sa compétitivité au cours des années 2000. D’une part, les pertes de parts de marché à l’exportation vont de pair avec le recul relatif de l'industrie. D’autre part, le recul des parts de marché concerne quasiment toutes les catégories de produits manufacturés.
• Déjà en recul en 2020, les indicateurs de la compétitivité, se dégradent encore en 2021
- Le déficit commercial a atteint un niveau record de 85 milliards d’euros en 2021, après 65 Md€ en 2020, selon les Douanes. Par rapport à l’avant-crise Covid, le déficit des échanges de marchandises s'est creusé de près de 27 Md€. Alors que le déficit de la balance énergétique a légèrement diminué, la dégradation est imputable aux produits manufacturés.
- Le déficit de l’ensemble des échanges de biens et services, s’est creusé de plus d’un point de PIB depuis 2019 (solde le plus complet estimé dans la comptabilité nationale).
- La part des exportations françaises dans celles de la zone euro est à son niveau le plus bas depuis 2000. La part française des exportations de biens et services est passée de 14,5% en 2019 à 13,7% en 2020 et 13,6% en 2021, soit un recul de 1,9 point depuis 2019. Ce recul, qui représente une perte de revenu de 51 Md€ en 2021 (environ 2 points de PIB), est entièrement imputable aux exportations de biens et concerne la quasi-totalité des catégories de produits manufacturés.
La part de la valeur ajoutée de l’industrie manufacturière française dans celle de la zone euro diminue de 14,7% en 2019 à 13,9% en 2021. Les pertes de parts de marché à l’exportation apparaissent ainsi fortement corrélées avec la désindustrialisation relative de la France par rapport à la moyenne européenne, et notamment relativement à l’Espagne et à l’Italie.
Les mesures de compétitivité-coût de la décennie 2010 (CICE, Pacte de responsabilité) ont contribué au léger redressement des parts de marchés sur la période 2017-2019. Les réformes du début de ce quinquennat privilégiaient l’attractivité (fiscalité du capital, droit du travail). Les enquêtes suggèrent que cet objectif est bien perçu par les acteurs internationaux mais les résultats n'en sont pas encore tangibles.
Consacrée en alternance aux biens de consommation et aux biens intermédiaires, l'enquête Compétitivité auprès des grands acheteurs européens révèle cette année un recul quasi-généralisé du classement des biens intermédiaires et d’équipement français selon les divers critères d'appréciation "prix" et "hors-prix". Au fil des ans, les prix des produits français sont jugés parmi les plus élevés tandis que le rapport qualité-prix est considéré comme moyen voire médiocre.
Ce bilan 2021 montre que le redressement de la compétitivité de la France devrait être un objectif prioritaire du prochain quinquennat
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