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26/01/2023
Dans son 16e bilan annuel de la compétitivité française, Rexecode constate une légère amélioration de la part des exportations de biens et services de la France dans la zone euro entre 2021 et 2022. Elle n’efface cependant pas le recul intervenu depuis 2019 sur les biens, dans quasiment tous les secteurs et par rapport à la plupart des grands pays de la zone euro. Alors que la part des importations dans les ressources nationales a fortement augmenté, notamment du fait de la hausse des prix énergétiques, le déficit extérieur a atteint un record inégalé depuis 1948 à près de 4% du PIB.
Dans son 16e bilan annuel de la compétitivité française, Rexecode constate une légère amélioration de la part des exportations de biens et services de la France dans la zone euro entre 2021 et 2022. Cette amélioration n’efface cependant pas le recul intervenu depuis 2019: la France a perdu des parts de marché sur les biens dans quasiment tous les secteurs, et par rapport à la plupart des grands pays de la zone euro.
La part des importations dans les ressources nationales a fortement augmenté, notamment du fait de la hausse des prix énergétiques. Si la France a connu un excédent exceptionnel dans les services en 2022, elle enregistre un déficit record sur les échanges de biens.
Au total, le déficit des échanges extérieurs de biens et services de la France sur les trois premiers trimestres de 2022 n’a jamais été aussi élevé depuis 1948 et est le plus important des grands pays de la zone euro.
Ce bilan mitigé amène à s'interroger sur les capacités de rebond de l’appareil industriel français. Malgré des signaux positifs (bonne tenue de l'investissement par rapport à nos voisins, stabilisation du nombre d’entreprises et hausse de la part de l’emploi industriel depuis 2019 ,etc.), la perte de productivité depuis 2019, bien plus marquée en France qu’ailleurs en Europe, fait craindre une perte durable de capacité de production.
Comme chaque année, Rexecode présente également les résultats de son enquête sur la compétitivité en 2022. Réalisée auprès de 480 grands acheteurs de six européens sur leur perception du positionnement de produits provenant de dix entités géographiques sur un ensemble de critères prix et "hors prix", elle porte comme tous les deux ans, sur les biens de consommation. La France progresse sur la plupart des critères pour les produits agroalimentaires et d’habillement et accessoires. Les produits pharmaceutiques et d’hygiène beauté enregistrent une dégradation, de même que l’équipement du logement.
La compétitivité française en 2022
Rexecode, Document de travail N.84 (Janvier 2023), 85 p.
Les citations de nos travaux dans la presse ou les revues économiques, les entretiens accordés par nos économistes. Voir aussi les communications des économist...
26/05/2023
Raphaël TROTIGNONDans son rapport sur Les incidences économiques de l’action pour le climat, France Stratégie conclut qu'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050 nécessitera une accélération brutale et coûteuse de l'effort de décarbonation en France. Il s'appuie notamment sur un panel d'estimations, dont celles du pôle Energie Climat qui a estimé l'effort d'investissement supplémentaire entre 58 et 80 milliards d’euros par an d'ici 2030. Un lourd "budget décarbonation" qui pourrait être revu en hausse avec les nouveaux objectifs européens. L'essentiel des baisses passées venant de l'industrie, "il va falloir s’attaquer bien plus franchement aux émissions des bâtiments et des transports" précise Raphaël Trotignon.
Même en tenant compte des progrès récents et de la prolongation des politiques actuellement en place, les émissions resteront significativement supérieures aux objectifs d’étapes de la stratégie nationale bas carbone (SNBC) – la loi de 2020 qui fixe les objectifs d’émissions que la France s’assigne à différents horizons de temps. Des changements importants devraient donc être entrepris dès maintenant. Mais ils ne seront malheureusement ni gratuits ni spontanés.
Le montant des investissements nécessaires peut être calculé à partir d’une représentation des changements "physiques" qui doivent avoir lieu dans chaque secteur. Rexecode a calculé, dans son étude publiée en 2022 , le coût des travaux de rénovation des logements, le surcoût des voitures et des camions bas carbone qui vont devoir être achetés, le coût de la modernisation des usines, etc. Il en résulte que les dépenses d’investissements supplémentaires totales devraient être comprises entre 58 et 80 milliards d’euros par an jusqu’en 2030 pour faire baisser les émissions de 40% en 2030 par rapport à 1990.
Avec "Fit for 55", l'Europe accélère le calendrier. Ce "budget de la décarbonation" pourrait être revu significativement à la hausse dans les prochains mois en raison de l’alignement de l’objectif français sur le nouvel objectif européen. La SNBC en cours de révision devrait prévoir un objectif de réduction de 55% en 2030 par rapport à 1990, contre 40% actuellement.
Depuis 1990, la grande majorité des réductions en France a été obtenue dans le secteur de l’industrie. Dans le bâtiment (chauffage et climatisation des logements et des locaux d’entreprise) ou l’agriculture, les baisses ont été plus faibles. Le secteur des transports est le seul qui a vu ses émissions augmenter. Si l’on veut accélérer la réduction, il va falloir s’attaquer bien plus franchement aux émissions des bâtiments et des transports, qui touchent plus directement tout un chacun.
Les ménages sont principalement concernés par les coûts d’isolation des logements et les surcoûts des changements de véhicules. Aujourd’hui, 75% du parc de logements a une étiquette énergie inférieure ou égale à D, alors que l’objectif est d’atteindre pour tous la classe A ou B. De même, les voitures électriques ne représentent aujourd’hui que 1% du parc automobile roulant. Si leur part dans les ventes des véhicules neufs augmente fortement (13% en 2022), on est loin de l’objectif de 100% de véhicules neufs bas carbone en 2035. Les transformations demandées aux ménages représentent donc une marche d’escalier considérable.
Les entreprises vont devoir fermer des usines et des chaînes de production qui ne sont pas encore totalement amorties, mettre en œuvre de nouveaux procédés de production, renouveler les camions et les flottes de véhicule d’entreprise, et isoler leurs bâtiments (entrepôts, usines, commerces). D’après nos calculs, les dépenses supplémentaires représentent une hausse de leurs investissements d’environ 15% par an. La marche est, là aussi, considérable car, au cours des trente dernières années, ils n’ont augmenté que d’un peu moins de 2,5% par an.
Les implications pour l'économie et les politiques publiques
Quelles sont les conséquences économiques de ces réductions ? Certes, elles procurent un avantage écologique, mais elles impliquent aussi une moindre consommation de biens et de services, car les montants investis dans la décarbonation ne sont plus disponibles pour d’autres usages. Elles impliquent probablement aussi, au moins transitoirement, un surcroît d’inflation car d’une part certaines politiques (comme la taxation du carbone) risquent de renchérir les produits et services encore fortement carbonés, et d’autre part le coût total des nouvelles installations décarbonées sera dans la plupart des cas supérieur au coût d’exploitation des installations carbonées existantes.
Les politiques publiques de décarbonation devront donc trouver un équilibre entre la réglementation, les taxes, le soutien, voire la prise en charge directe par l’Etat des investissements des ménages et des entreprises. Elles devront aussi s’inscrire dans une politique soutenable financièrement et socialement. Compte tenu du déséquilibre des finances publiques, il est crucial que les coûts fassent régulièrement l’objet d’évaluations en termes d’efficacité et de "coût de la tonne de carbone évitée". En outre, il conviendra de renforcer fortement l’orientation de l’épargne privée vers l’investissement décarboné.
Enfin, rappelons que le problème climatique est mondial. Il convient donc de prendre en compte non seulement la baisse des émissions sur notre territoire, mais aussi la contribution des politiques nationales et européennes à la réduction des émissions à l’extérieur de l’Europe. L’effort public devrait donc être focalisé sur les innovations énergétiques et industrielles susceptibles d’être exportées dans d’autres pays, afin d’apporter des bénéfices économiques aux entreprises françaises en termes d’emploi, de compétitivité et de croissance.
Tribune de Raphaël Trotignon parue dans Le Monde du 27 mai 2023
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