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Veille documentaire

Etudes, rapports, sources: la sélection de la semaine

image Markus Winkler on Unsplash

Le service Info-Doc propose aux adhérents chaque début de semaine un bulletin de veille sur les enjeux économiques internationaux, les grandes zones et pays, les questions de politique économique, ainsi que des secteurs stratégiques.

Le document de la semaine, en accès libre, fait la synthèse d'une publication jugée particulièrement intéressante.

Document de la semaine

Sélectionné par la service Info-Doc de Rexecode, le Document de la semaine met en avant une publication présente dans le bulletin de veille heb...

    La neutralité climatique est possible, mais suppose une accélération brutale et coûteuse de la transition énergétique selon France Stratégie

    Les incidences économiques de l’action pour le climat – France Stratégie, mai 2023

    23/05/2023

    Un rapport de France Stratégie remis ce 19 mai au gouvernement conclut qu’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 reste possible mais que cela nécessite une "grande transformation" à laquelle il faut donner un brutal coup d’accélérateur. D’ici 2030, la décarbonation exigera un supplément d’investissements d’ampleur dont le coût économique et social sollicitera fortement les finances publiques.

    Les incidences économiques de l’action pour le climat – France Stratégie, mai 2023

    Un rapport de France Stratégie commandé par le gouvernement évalue les impacts macroéconomiques de la transition climatique. Il s'accompagne d'une dizaine de rapports thématiques qui élargissent le champ des sujets couverts par la note d’étape publiée en novembre 2022, en traitant notamment de compétitivité, de productivité, d’inflation, de finances publiques, des effets sur les ménages, du marché du capital ou de l’emploi. Les principaux enseignements sont les suivants :

    • Atteindre la neutralité climatique d'ici 2050 est possible, mais suppose une "grande transformation", combinant sobriété, substitution de capital aux énergies fossiles (85% de l'effort d'ici 2030), et technologies vertes (ce qui peut conduire à une croissance plus forte à long terme). Atteindre la neutralité carbone en 2050 exigera cependant une accélération brutale impliquant tous les secteurs.

    • Dans les dix ans à venir, la décarbonation va appeler un effort d’investissement de grande ampleur. Des estimations réalisées notamment pour la France, l'UE, ou le Royaume-Uni "se rejoignent pour estimer l’effort requis aux alentours de 2 points de PIB d’investissement supplémentaire, en 2030". Pour la France, le rapport propose une estimation sectorielle basée sur les mesures détaillées dans la future Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC-3). Au total, l'effort d'investissement est estimé "à environ 66 milliards par an à l’horizon 2030, soit 2,3 points de PIB, par rapport à un scénario sans les mesures de transition évaluées".

    • Les finances publiques seront "substantiellement" sollicitées pour soutenir les ménages et les entreprises, et atténuer les inégalités induites par la transition. La dette publique pourrait augmenter de l'ordre de 10 points de PIB en 2030, 15 points en 2035, 25 points en 2040. La hausse de la dépense publique devra probablement s'accompagner d'un accroissement des prélèvements obligatoires.

    La transition climatique pourrait faire perdurer la pression inflationniste, qui s'atténuerait néanmoins à partir de 2030. Cela imposera aux banques centrales de conduire la politique monétaire "avec doigté", et même d'opérer un relèvement temporaire de leur cible d’inflation d'ici 2030.

    L’Union européenne a "un sérieux problème de compétitivité", dans un contexte de forte concurrence mondiale (en témoigne l'IRA américain). Elle devra définir une nouvelle gouvernance climatique. Le rapport invite à ne pas renoncer au signal-prix et à trouver un équilibre entre subventions, réglementation et tarification carbone, une "bonne méthode" davantage mise en œuvre en Europe et en France, qu'aux Etats-Unis ou en Chine.

    Synthèse par la Doc de Rexecode, lien ci-dessous vers le document

    Les incidences économiques de l’action pour le climat
    Jean PIsany-Ferri et Selma Mahfouz
    France Stratégie, mai 2023

    * Note : Dans la note d'étape de nov. 2022, les investissements nécessaires à l’atteinte des objectifs de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC-2) avaient été estimé à environ 2,5 points de PIB en 2030 sur la base de chiffrages harmonisés, dont ceux publiés en avril 2022 par le Pôle Energie-Climat de Rexecode (58 à 80 milliards d’euros soit 2,1% à 2,9% du PIB, d'investissement supplémentaires par an d'ici 2030).

     

    Et aussi sur ce sujet :

    Net Zero+: Climate and Economic Resilience in a Changing World
    OCDE, 22 mai 2023 (il existe une version abrégée en français)

    Ce rapport formule un ensemble de recommandations sur les politiques à mettre en œuvre pour assurer la résilience de la transition climatique face aux divers chocs qui peuvent venir la perturber, comme on l'a vu récemment avec la crise du Covid-19 ou la guerre en Ukraine avec les problèmes d'approvisionnement ou la crise énergétique, mais aussi faire face à d'autres freins. Il examine aussi comment renforcer la résilience face aux répercussions croissantes du changement climatique.

    Macroeconomic effects of carbon transition policies: an assessment based on the ECB’s new area wide model with a disaggregated energy sector
    Banque Centrale Européenne
    ECB Working Paper Series, N.2879, 17 mai 2023

    Evaluation des effets macroéconomiques potentiels des politiques destinées à contrer le changement climatique à l'aide du nouveau modèle (NAWM) de la BCE pour la zone euro. Dans le scénario central l'augmentation des taxes carbone à un niveau cible intermédiaire compatible avec la transition vers une économie décarbonée entraîne une hausse transitoire de l'inflation et une baisse durable, quoique modérée, du PIB. Ces effets à court et moyen terme dépendent de la réaction de la politique monétaire, de la trajectoire de l'augmentation de la taxe carbone et de sa crédibilité, l'accroissement de l'approvisionnement en énergie "propre" étant essentielle pour contenir la baisse du PIB. Les recettes fiscales de l'augmentation de la taxe carbone peuvent être utilisés pour contenir les effets négatifs sur les ménages à faible revenu.

    Attractivité - La France reste la première destination des investissements étrangers en Europe en 2022, mais avec peu d’emplois à la clé (EY)

    Baromètre de l'attractivité de la France 2023 – EY, 11 mai 2023

    15/05/2023

    En pleine séquence "Choose France", EY a publié son baromètre de l’attractivité pour la France et d’autres pays européens. En 2022, la France est restée championne d'Europe avec 1259 projets d’investissements étrangers sur son territoire. Ces investissements sont cependant moins créateurs d’emplois qu’ailleurs, et la part des investisseurs prévoyant de relocaliser leurs activités en France est en recul par rapport à 2021.

    Attractivité Frane - Baromètre EY 2023

    Pour la quatrième année consécutive, la France arrive en tête du classement européen des destinations d’accueil des investissements directs étrangers (IDE).

    En 2022, 1259 nouveaux projets ont été recensés en France (+3% par rapport à 2021), qui creuse l’écart avec ses deux concurrents historiques que sont le Royaume-Uni (929 projets, -6%) et l’Allemagne (832 projets, -1%).

    43% des investissements réalisés en France en 2022 ont été orientés vers la production manufacturière, soit 13 points de plus qu'en 2021. Dans ce secteur, avec 547 projets, la France reste la première destination pour les implantations et extensions d’usines, très loin devant la Turquie (256 projets) et le Royaume-Uni (175 projets).

    EY relativise néanmoins la performance de l’attractivité française:

    • Les projets sont principalement des extensions (65%) en France alors que l’Allemagne et le Royaume-Uni attirent à l’inverse de nouveaux projets qui renouvellent davantage leur tissu économique.

    Un projet d'investissement ne crée en moyenne que 33 emplois en France, contre 58 en Allemagne et 59 au Royaume-Uni, voire 148 en Italie ou 326 en Espagne.

    Seraient en cause un coût du travail jugé élevé selon EY qui reprend les données Rexecode sur les coûts horaires de la main d'oeuvre en Europe (41,8€/heure en France au 3e trimestre 2022 dans l’industrie et les services marchands, contre 34,2€ en moyenne dans la zone euro) ainsi qu'un climat social instable.

    La part des investisseurs annonçant un projet de relocalisation en France recule de 5 points par rapport à 2021, un effet probable selon EY du choc du coût de l’énergie en Europe et de la concurrence accrue des Etats-Unis pour les implantations étrangères avec l’adoption de l’Inflation Reduction Act (IRA).

    Synthèse par la Doc de Rexecode, lien vers le document ci-dessous.

    La France devant, malgré tout - Episode 01
    EY - Baromètre de l'attractivité de la France 2023 - 11 mai 2023

     

    A paraitre :

    - En juin, épisode 02 : La France de 2023 est-elle prête pour la France de 2030

    - En septembre, épisode 03 : Focus sur les territoires

     

    Voir aussi :

    How can Europe turn on the taps of foreign investment?
    EY Europe Attractiveness Survey 2023, 11 mai 2023, en ligne

    La croissance des projets d'investissements directs étrangers en Europe a atteint un plateau en 2022, avec une hausse de 1 % seulement, tandis que le nombre d'emplois créés par les IDE a chuté de 16 %. Si la France a de nouveau attiré le plus grand nombre d'investissements, en hausse de 3 % en 2022, les investissements entrants au Royaume-Uni et en Allemagne ont chuté respectivement de 6 % et de 1 %. Ils pourraient augmenter au cours de l'année à venir, puisque 67% des entreprises interrogées prévoient d'étendre ou d'établir des activités en Europe, contre 53% en 2022.

    Standort Deutschland 2023 - Ausländische Direktinvestitionen in Deutschland und Europa
    EY, 11 mai 2023, synthèse en ligne (en allemand)

    Foreign Direct Investment: UK remains second in Europe despite a fall in project numbers, new EY report reveals
    EY, 11 mai 2023, synthèse en ligne

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