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Malgré les aides publiques, "les entreprises européennes resteront confrontées à des hausses de prix très fortes" sur l'énergie

- Atlantico, mars 2023

03/03/2023

Olivier Redoulès livre les principaux enseignements de sa note sur l'efficacité des dispositifs publics d’atténuation du choc des prix du gaz et de l'électricité déployés en France, en Allemagne, en Espagne et en Italie. Un travail inédit à sa connaissance, visant à examiner concrètement ce que signifie ces aides pour les entreprises européennes. Si les soutiens publics varient d'un pays et d'un type d'entreprise à l'autre, il est clair que le choc énergétique sera atténué mais pas supprimé et que la compétitivité des entreprises européennes risque d'en pâtir.

Olvier Redoulès, directeur des études de Rexecode

• Une comparaison inédite de l'effet sur les entreprises européennes des soutiens publics face à la crise énergétique

Ce comparatif est une première à notre connaissance. Certains travaux, notamment ceux de l’institut Bruegel, donnent une idée des montants budgétaires globaux, mais pas forcément de ce que signifie concrètement pour les entreprises les dispositifs nationaux d'atténuation du choc énergétique. C’est ce que nous faisons dans la note publique Les entreprises européennes face à la crise énergétique, Repères, N°4/23 . Nous sommes allés chercher dans les textes et auprès des fournisseurs les informations pour comprendre les mécanismes qui s’appliquaient dans quatre grand pays de la zone euro: France, Allemagne, Espagne et Italie.

Ce sont des données à utiliser avec prudence, car aucune entreprise ne se reconnaîtra immédiatement dans ces données moyennes, en raison de toutes les circonstances particulières qui peuvent déterminer les prix. Mais cela donne des grandes directions. Par ailleurs, il faut garder en tête qu’en Italie et en Espagne, les dispositifs sont évolutifs et pourraient changer d’ici quelques mois. C’est moins le cas en France et en Allemagne. Les dispositifs dépendent aussi de la situation des marchés. Ainsi le plafond décidé par l’Allemagne est aujourd’hui peu utile car les prix du gaz sont inférieurs à ce plafond.

• Malgré les effets non négligeables des divers dispositifs nationaux, les entreprises resteront confrontées à des hausses de prix très fortes

Les dispositifs nationaux très différents. Ils tiennent compte des spécificités nationales, comme l’Arenh (Accès Régulé à l’Electricité Nucléaire Historique) en France ou la relative déconnexion du marché espagnol du reste de l’Europe. Et on retrouve en filigrane les limites budgétaires de chaque pays. Ensuite, il y a bien une contrainte européenne qui est celle de la limite des aides d’Etat. Cela réduit fortement la portée des dispositifs d’aides Allemand ou Italien.

Malgré ces dispositifs, les entreprises vont rester confrontées à des hausses de prix très fortes. Le choc va être atténué mais pas supprimé. Même pour les TPE françaises qui peuvent bénéficier du tarif réglementé, qui sont les moins touchées, la hausse de prix de l’électricité est de 25% par rapport à 2019, ce qui est loin d’être négligeable. Pour les autres entreprises, la hausse sera plutôt comprise entre 100% et 200% selon les pays par rapport à 2019.

Enfin, s'ils jouent un rôle important dans l’atténuation du choc, certains mécanismes de régulation ne sont pas forcément durables ou généralisables. On sait que l’Arenh coûte très cher à EDF et qu’il va disparaître en 2025. Ce qui marche en Espagne n’est pas forcément faisable par les autres pays. Il faut donc réfléchir à une réorganisation des marchés de l’électricité pour qu’ils restent compétitifs. En effet, la hausse de prix que nous subissons en Europe ne se retrouve pas aux Etats-Unis, au risque d'un décalage de compétitivité au détriment des entreprises européennes.

• Réformer les marchés énergétiques européens pour les rendre plus résilients aux chocs et favorables à la compétitivité

Nous nous sommes rendu compte que nous avions au niveau européen une dépendance au gaz russe qui peut être sans doute corrigée avec le GNL, la relance du nucléaire et le développement du renouvelable. Le rapport annuel de RTE montre aussi que nous avons, en partie, joué de malchance. Mais la malchance c’est aussi d’avoir mal provisionné les risques.

Le market design actuel n’incite pas les acteurs à dégager des marges de sécurité. Les fournisseurs et les producteurs d’électricité ne sont pas encouragés à les chercher. Quand tout va bien, le système est très efficace, mais dès qu’il y a un problème, sans marge, cela devient très vite problématique. Cela peut être fait en prévoyant des contrats de long terme, en finançant des surcapacités, en fixant un cadre prudentiel, etc. Il y a plusieurs pistes et outils qui peuvent exister.

Olvier Redoulès pour Atlantico (extraits)

Inflation énergétique: petit bilan des dispositifs publics sur la compétitivité des entreprises
Atlantico, 2 mars 2023

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