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Avec l’inflation, la France a moins réduit sa dette publique que les autres pays les plus endettés de la zone euro en 2021-2023

Comparaison de l’effet de l’inflation sur les finances publiques en 2022 et en 2023 dans six pays de la zone euro - Haut Conseil des Finances Publiques, 24 mai 2024

27/05/2024

La forte hausse de l’inflation en zone euro a permis de réduire la dette publique dans la totalité des pays de la zone euro, et notamment dans six pays examinés par le Haut Conseil des finances publiques sur la période 2021-2023. Cette réduction, faible en France, a été bien plus importante en Grèce et au Portugal. Une différence qui s’explique par une hausse plus contenue de l’inflation en France et par le niveau initial élevé de son déficit public.

Dans la plupart des pays de la zone euro, la dette publique a reculé entre 2021 et 2023, mais ce repli est très différent d’un pays à l’autre : de à 0,8 point de PIB en Lettonie à 33,1 points de PIB en Grèce - 2,4 points en France. L’inflation aurait contribué à ce repli, mais pas de façon homogène dans tous les pays. Pour comprendre ces écarts, une note d’étude du Haut Conseil des finances publiques analyse cet effet "inflation" sur la dette publique de six pays de la zone euro (Allemagne, France, Italie, Espagne, Portugal et Grèce) sur la période.

Les auteurs évaluent l’ensemble des canaux par lesquels transite l'impact de l'inflation : l’effet "mécanique" de la hausse des prix sur le dénominateur du ratio de dette*, et sur les recettes et les dépenses publiques via les mécanismes d’indexation ; l’effet du choc inflationniste sur la croissance économique ; la hausse de la charge d’intérêts ; et le coût des mesures de soutien budgétaire mises en œuvre face à la hausse des prix.

Les auteurs montrent que l’inflation aurait contribué à réduire les ratios de dette publique dans tous les pays entre 2021 et 2023, mais dans des proportions différentes : 9,5 points de PIB en France (2,5 points en 2022 et 7,0 points en 2023), 8,3 points en Allemagne, 9,0 points en Italie et en Espagne, 11,6 points au Portugal et 16,7 points en Grèce.

Entre 2021 et 2023, les ratios de dette publique ont diminué dans l’ensemble des pays examinés. Cette évolution est cependant moins marquée en France

• En France, "la hausse plus contenue de l’inflation grâce aux mesures ciblées sur les prix énergétiques a limité l’effet positif de l’inflation sur le dénominateur, tandis qu’elle n’a permis de réduire que faiblement la perte de croissance associée au choc inflationniste par rapport à ce qui a été observé dans les autres pays".

• Si la baisse du ratio de dette publique est allée très au-delà de l’effet de la seule inflation dans certains pays (Portugal, Grèce), à l’inverse, dans d'autres pays, l’effet favorable de l’inflation ne s'est pas répercuté intégralement, en raison notamment du niveau sous-jacent du déficit. Ainsi "en France, "l’aubaine" du choc inflationniste sur le ratio de dette a été en grande partie contrecarrée par l’impact d’un niveau élevé de déficit initial" entre 2021 et 2023.

* L’effet sur le ratio de dette publique associé à l’inflation "est assimilé à l’impact de la hausse du déflateur du PIB sur le ratio via celle de son dénominateur. Il est favorable pour tous les pays en 2022 comme en 2023, mais très hétérogène", selon les travaux de la Commission européenne.

Synthèse par la Doc de Rexecode, accès par le lien ci-dessous.

Comparaison de l’effet de l’inflation sur les finances publiques en 2022 et en 2023 dans six pays de la zone euro
Haut Conseil des Finances Publiques – Pascal HELWASER, Axelle LACAN - Note d’étude N°2024-1, 24 mai 2024

 

Voir aussi :

France: déclaration des services du FMI à l’issue de leur mission de 2024 au titre de l’article IV
Fonds monétaire international - IMF Staff Country Report, mai 2024

Avant la publication de son rapport détaillé, le FMI publie les principales conclusions de sa mission conduite auprès des autorités françaises dans le cadre de l'article IV de ses statuts.

"Malgré un ralentissement de la reprise en 2023, l’économie française reste relativement résiliente face au resserrement des conditions financières et à l’affaiblissement de la demande extérieure de la zone euro. Néanmoins, la réponse apportée aux crises et la reprise plus lente que prévue ont pesé sur les finances publiques, avec une sous-performance budgétaire importante en 2023, résultant en une marge de manœuvre budgétaire réduite dans une période d’accroissement des besoins d’investissement en faveur des transitions verte et numérique. Les performances du marché du travail sont restées robustes, toutefois la productivité du travail reste en dessous de sa tendance pré-crise. Dans ce contexte, à juste titre, les autorités françaises mettent désormais l’accent sur la reconstitution des marges de manœuvre budgétaires et la modernisation durable de l’économie."

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