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Du confinement au déconfinement graduel: un impact variable selon les secteurs, un coût global de -9,2 points de PIB en 2020

- Atlantico, 25/04/2020

28/04/2020

Emmanuel JESSUA

En France, la sortie progressive du confinement devrait débuter le 11 mai prochain. De même que tous les secteurs n’ont pas souffert de manière égale de ce gel imposé de l’activité, tous ne pourront pas redémarrer au même rythme. Au total, la perte instantanée d’activité serait de 45% dans les branches marchandes pendant le confinement.

retaurant fermé, photo FBL

Si on analyse l'économie française secteur par secteur, si l'on pondère ces données en fonction de leur poids par rapport au PIB et au nombre d'emplois, quel est l'impact du confinement ?

On peut distinguer 3 grandes catégories de secteurs selon leur exposition aux conséquences du confinement strict

1) Les secteurs dont la consommation finale est indispensable en période de confinement.

Il s’agit de la consommation de (i) services de santé et médicaments (activités de santé, hébergement médico-social, industrie pharmaceutique), (ii) de produits alimentaires (commerce de détail), (iii) énergie-eau (extraction, électricité, déchets…), des services de télécommunications. La production de ces biens et services essentiels mobilise également plusieurs secteurs amont: agriculture et agro-alimentaire, commerce de gros, transports de marchandises, entreposage, emballage (papier-carton, plasturgie), chimie.

Pour ces secteurs, nous estimons que le travail sur site représente plus de 40% des heures habituellement travaillées (à l’exception des services de télécommunication pour lesquels une partie importante du travail peut être réalisée à distance).

2) Les secteurs pour lesquels l’activité s’effondre en raison du confinement

Il s'agit en particulier des secteurs industriels, pour lesquels l’essentiel des tâches ne peut s’effectuer à distance des sites de production : automobile, textile, électronique, machines et équipements, ameublement, etc. On suppose qu’au moins deux tiers de leurs effectifs sont au chômage technique pendant le confinement. Certains secteurs industriels doivent toutefois maintenir une activité minimale. C’est notamment le cas de la métallurgie, pour laquelle il n’est pas possible de fermer les hauts fourneaux.

Sont également quasiment à l’arrêt les secteurs directement liés aux sorties: hébergement et restauration, arts-spectacle et activités récréatives. Il en est de même de la construction, avec un gel d’une très grande majorité des chantiers et des projets.

3) Les secteurs pour lesquels l’activité le télétravail est possible

De nombreux secteurs des services, en particulier les services aux entreprises (conseil, services financiers, services juridiques et administratifs…), peuvent maintenir l’essentiel de leur activité en mobilisant leurs salariés à distance. Dans ces secteurs, on suppose que plus de la moitié des salariés peuvent ainsi continuer à travailler depuis leur domicile pendant la période de confinement. Ce taux est particulièrement élevé dans l’administration publique et l’enseignement.

Au total, dans la période actuelle de confinement strict, sur l’ensemble de l’économie, 29% des heures habituellement travaillées seraient maintenues sur site, 37% seraient effectuées à distance depuis le domicile et 34% seraient chômées. S’agissant des seuls secteurs marchands, ces proportions seraient respectivement de 25%, 30% et 45%. Cela se traduirait par une perte instantanée d’activité de 45% dans les branches marchandes.

La sortie du confinement sera graduelle et différenciée selon les secteurs. Le taux de faillites sera également très hétérogène.

Nous supposons que la fin du confinement strict à partir du 11 mai se traduira par :

• une reprise totale du travail dans les secteurs déjà proches de la pleine activité (agro-alimentaire, santé, télécommunications, énergie…),

• une reprise graduelle qui deviendrait totale aux alentours de mi-juillet (le temps d’assurer des conditions de travail aux nouvelles normes sanitaires) pour l’essentiel des autres secteurs,

• une reprise beaucoup plus lente – qui se prolongerait jusqu’à mi-septembre - pour les secteurs liés au tourisme et aux sorties (hébergement-restauration, transport aérien, arts et spectacle).

Nous faisons en outre l’hypothèse que le taux de faillite (part des salariés concernés par une faillite) serait nul dans la première catégorie de secteurs, de 2% dans la deuxième et de 15% dans la troisième.

Sous ces hypothèses, la contrainte apportée par le confinement puis son assouplissement progressif sur les capacités de production entrainerait une perte de 9,2 points de PIB. L’ensemble des secteurs marchands enregistrerait une perte globale de 11,5 points de valeur ajoutée en 2020. Pour le seul 2e trimestre 2020, le confinement aurait un impact de -25,5 points de PIB sur l’ensemble de l’économie et -31,6% sur l’activité des branches marchandes.

Après le plan d'urgence, les aides à la sortie de crise devront être ciblées

Le gouvernement a utilisé les bons leviers avec le plan d’urgence, en permettant aux entreprises de survivre en période de sous/non-activité avec le report d’échéances fiscales et sociales, le fonds de solidarité pour les indépendants et les prêt garantis par l’Etat, ainsi que par le dispositif d’activité partielle qui permet aux salariés de conserver leur emploi et 84% de leur salaire.

Ce plan pourrait coûter près de 50 milliards d’euros, auxquels il faut ajouter près de 140 milliards d’euros de moindres rentrées fiscales en raison de la récession. Nous anticipons donc un creusement du déficit public à 10,7% du PIB en 2020, avec un retour vers 6% en 2021. Nous ne disposons donc pas de marges de manœuvre budgétaires supplémentaires significatives. Le soutien budgétaire devra donc être rapidement ciblé vers les secteurs les plus en difficulté, en particulier ceux les plus touchés par le confinement (restauration, tourisme, spectacle...) et par la récession (certains secteurs industriels notamment).

L'article complet incluant les propos de Michel Remuy est disponible sur le site d'Atlantico.

Cet article résume une partie des conclusions d'une étude réservée aux adhérents de Rexecode

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