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Soutien aux entreprises face au COVID-19: l'indispensable relais des soins lors de la reprise

- Les Echos, 24 mars 2020

24/03/2020

Denis FERRAND

La propagation du choc récessif associé au Coronavirus peut être amoindri en mobilisant les respirateurs artificiels que sont les lignes de trésorerie garanties, le recours au chômage partiel, les délais de règlements des échéances fiscales et sociales. Mais une fois le gros de la crise passée, un relais des respirateurs est à imaginer pour aider les entreprises à mobiliser toutes leurs forces nécessaires au sprint de la reprise. Les entreprises dites zombies seront les plus vulnérables.

Photo by Zach Lucero on Unsplash

Il en va de l’économie comme il en va de d’une armée. Elles peuvent déplorer toutes deux des victimes lors de confrontations ou de conflits dans lesquelles elles sont engagées. Elles déplorent aussi chacune leurs victimes de stress post-traumatiques.

Après les soutiens immédiats, les indispensables relais vers la guérison

En économie, les victimes se nomment défaillances ou disparitions d’entreprises, pertes d’emplois et de compétences, destruction de capital humain comme physique, toute une somme d’irréversibilités. Lors du conflit et, dans le cas présent, pendant la propagation du choc récessif qui s’opère, leur nombre peut être amoindri en mobilisant les respirateurs artificiels que sont les lignes de trésorerie garanties, le recours au chômage partiel, les délais de règlements des échéances fiscales et sociales.

Cette intervention est incontournable et c’est celle qui est très utilement déployée actuellement. Mais surgit inévitablement la question du débranchement de ces dispositifs. Une intervention trop rapide, dès que la reprise d’activité s’opère, a toutes chances de déclencher un stress post-traumatique. Sauf à vouloir ébranler tout l’édifice économique, un relais des respirateurs est à imaginer.

L’expérience des sorties des précédentes récessions, qu’il s’agisse de celle de 1992-93 ou de celle de 2008-09, est riche d’enseignements. C’est précisément alors que l’activité avait renoué avec une orientation positive depuis un à deux trimestres que le pic des difficultés des entreprises était atteint. Ces difficultés sont en fait une variable retardée des cycles économiques : elles sont au plus haut après que l’activité ait touché son point le plus bas.

La reprise d’activité après une récession ou comment faire courir un sprint violent à un athlète anémié

L’explication est simple : en sortie de récession, les entreprises doivent relancer leur activité. Pour ce faire, elles doivent s’approvisionner auprès de leurs fournisseurs, mais aussi continuer à honorer leurs échéances courantes avant même souvent d’avoir été en mesure de réaliser un nouveau chiffre d’affaires. En somme, leurs besoins en fonds de roulement enflent précisément au moment où leurs trésoreries sont exsangues suite à une récession profonde. Les possibilités de nouveaux reports des échéances fiscales et sociales seront également probablement plus rares. C’est aussi à ce moment que les bilans des établissements de crédit se seront dégradés sous l’effet de la montée du poids des prêts non performants au cours de la récession. Le crédit risque alors de se faire plus rare ou plutôt plus sélectif. En somme, une reprise d’activité s’apparente au défi de faire courir un sprint violent à un athlète anémié.

Les entreprises dites zombies risquent de ne pas atteindre la ligne d’arrivée

Les entreprises zombies présentent les traits distinctifs de futures victimes de stress post-traumatiques : ces entreprises matures (de plus de dix ans d’existence) se définissent comptablement par un niveau de résultats d’exploitation durablement inférieurs à leurs charges d’intérêt liées à leur endettement. A l’époque des taux d’intérêt aspirés vers le bas et de rendements écrasés, elles parvenaient à lever des lignes de crédit leur permettant de poursuivre leur activité. Qu’en sera-t-il en sortie de récession quand la sélectivité dans l’attribution du crédit se fera plus difficile ? Le choc que nous connaissons actuellement va poser crument la question de la persistance de ces entreprises. Un "écrémage" risque de s’opérer spontanément à moins que des dispositifs larges de financement garanti ne contribuent à prolonger encore leur activité. C’est la question de l’acceptation du versant "destruction" du processus de destruction créatrice qui est posée. Il faut alors garder en mémoire que les entreprises zombies représentent environ 5% des entreprises matures et emploient une proportion identique des effectifs.

Chronique de Denis Ferrand parue dans Les Echos du 24 mars 2020: Coronavirus : au lendemain de l’épidémie, le géant chinois se prépare à se relever

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