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Pour débloquer l'épargne vers nos besoins massifs d'investissement, il faut mutualiser et assurer le risque

- L'Opinion, 16 juin 2021

16/06/2021

Entre sortie de crise, transition écologique et technologique, les besoins d'investissement des entreprises françaises s'annoncent considérables. Michel Didier, président du comité de direction de Rexecode, explique son projet de fonds d’investissement à capital garanti destiné à soutenir les fonds propres des entreprises en mobilisant l'épargne des Français.Grâce à l'effet de levier, cette garantie publique permettrait de disposer d'une enveloppe de financements d'une toute autre ampleur et à moindre coût que celle des investissements ou subventions publics.

• Les Français ont toujours été réticents à investir en fonds propres d’entreprises. En quoi votre proposition pourrait-elle changer la donne ?

La raison de leur réticence est claire : ils ne veulent pas prendre le risque de perdre leur argent. Or les fonds propres présentent un risque. Pour débloquer la situation, nous proposons de supprimer le risque. Dans notre projet, l’épargnant place son argent dans un fonds qui lui garantit son capital et lui permet de récupérer sa mise à tout moment. Il dispose en permanence d’un droit de cession de ses parts. L’acquéreur ne peut être, à mon sens, qu’une caisse publique, capable de mutualiser ses achats à un niveau suffisant pour que le risque soit supprimé. De même que le capital d’une maison incendiée est garanti par l’assureur. C’est un avantage extraordinaire que l’on consent à l’épargnant, mais en réalité, celui qui a investi ne va pas se précipiter pour sortir. Sauf à perdre tout intérêt à placer son épargne dans ce genre de produit, susceptible de se valoriser avec les années.

• Une caisse publique, cela veut dire l’Etat…
qui ne peut donc pas se désengager de la vie post-crise des entreprises?

L’alternative pour lui, c’est de dépenser directement, ce qu’il a fait dans le plan de relance, via de l’investissement public ou des subventions. Mais mieux vaut mettre 100 euros dans une garantie qui va générer 1000 euros d’investissements productifs, via l’effet de levier. L’Etat débloque ainsi l’épargne privée, c’est bien plus intéressant pour lui. Par ailleurs, si l’épargnant cède ses parts au bout de deux ou trois ans, cela coûtera à l’Etat car la valeur des fonds suit une courbe en J. Mais ensuite, c’est la caisse publique qui portera ces parts jusqu’à terme, c’est elle qui profitera du rendement qu’elles généreront. En réalité, cette garantie ne coûtera rien à l’Etat, elle pourrait même lui rapporter de l’argent.

• La situation financière des entreprises est-elle si dramatique?

Elles ont structurellement besoin de fonds propres pour financer leur développement et de nouveaux investissements dans la transition écologique. Sur ce sujet, notre référence est le plan de relance. Il alloue environ 5 milliards d’euros par an à la baisse des émissions de CO2. Si on veut tenir nos engagements climatiques d’ici à 2030, il faudrait investir d’ici là 20 à 25 milliards d’euros chaque année, c’est beaucoup ! La question de départ est donc de savoir comment changer la trajectoire d’une économie qui était poussive avant la crise, avec des pertes de compétitivité et une baisse de sa croissance potentielle. Nous devons investir, et mobiliser les capitaux pour le faire.

• Quelles sont vos projections sur l’épargne privée qui pourrait être débloquée?

Nous visons une centaine de milliards d’euros, ce qui correspond à l’encours du plan d’épargne en actions (PEA). Ce produit n’offre aucune garantie en capital, mais il bénéficie d’un avantage fiscal. Notre projet de fonds d’investissement se situe entre les avantages de long terme du PEA sur la valorisation de l’épargne, et ceux du contrat d’assurance-vie en euros : liquidité et capital garanti.

• Vous ne réclamez pas d’avantage fiscal ?

L’avantage fiscal est une incitation au rendement, ce qui bloque l’épargne française, c’est la peur du risque. La seule manière de traiter le risque, c’est de le mutualiser et de l’assurer.

propos recueillis par Murielle Motte

Michel Didier (Rexecode): Nous devons investir, et mobiliser les capitaux pour le faire
L'Opinion du 16 juin 2021

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