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La neutralité climatique est possible, mais suppose une accélération brutale et coûteuse de la transition énergétique selon France Stratégie

Les incidences économiques de l’action pour le climat – France Stratégie, mai 2023

23/05/2023

Un rapport de France Stratégie remis ce 19 mai au gouvernement conclut qu’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 reste possible mais que cela nécessite une "grande transformation" à laquelle il faut donner un brutal coup d’accélérateur. D’ici 2030, la décarbonation exigera un supplément d’investissements d’ampleur dont le coût économique et social sollicitera fortement les finances publiques.

Les incidences économiques de l’action pour le climat – France Stratégie, mai 2023

Un rapport de France Stratégie commandé par le gouvernement évalue les impacts macroéconomiques de la transition climatique. Il s'accompagne d'une dizaine de rapports thématiques qui élargissent le champ des sujets couverts par la note d’étape publiée en novembre 2022, en traitant notamment de compétitivité, de productivité, d’inflation, de finances publiques, des effets sur les ménages, du marché du capital ou de l’emploi. Les principaux enseignements sont les suivants :

• Atteindre la neutralité climatique d'ici 2050 est possible, mais suppose une "grande transformation", combinant sobriété, substitution de capital aux énergies fossiles (85% de l'effort d'ici 2030), et technologies vertes (ce qui peut conduire à une croissance plus forte à long terme). Atteindre la neutralité carbone en 2050 exigera cependant une accélération brutale impliquant tous les secteurs.

• Dans les dix ans à venir, la décarbonation va appeler un effort d’investissement de grande ampleur. Des estimations réalisées notamment pour la France, l'UE, ou le Royaume-Uni "se rejoignent pour estimer l’effort requis aux alentours de 2 points de PIB d’investissement supplémentaire, en 2030". Pour la France, le rapport propose une estimation sectorielle basée sur les mesures détaillées dans la future Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC-3). Au total, l'effort d'investissement est estimé "à environ 66 milliards par an à l’horizon 2030, soit 2,3 points de PIB, par rapport à un scénario sans les mesures de transition évaluées".

• Les finances publiques seront "substantiellement" sollicitées pour soutenir les ménages et les entreprises, et atténuer les inégalités induites par la transition. La dette publique pourrait augmenter de l'ordre de 10 points de PIB en 2030, 15 points en 2035, 25 points en 2040. La hausse de la dépense publique devra probablement s'accompagner d'un accroissement des prélèvements obligatoires.

La transition climatique pourrait faire perdurer la pression inflationniste, qui s'atténuerait néanmoins à partir de 2030. Cela imposera aux banques centrales de conduire la politique monétaire "avec doigté", et même d'opérer un relèvement temporaire de leur cible d’inflation d'ici 2030.

L’Union européenne a "un sérieux problème de compétitivité", dans un contexte de forte concurrence mondiale (en témoigne l'IRA américain). Elle devra définir une nouvelle gouvernance climatique. Le rapport invite à ne pas renoncer au signal-prix et à trouver un équilibre entre subventions, réglementation et tarification carbone, une "bonne méthode" davantage mise en œuvre en Europe et en France, qu'aux Etats-Unis ou en Chine.

Synthèse par la Doc de Rexecode, lien ci-dessous vers le document

Les incidences économiques de l’action pour le climat
Jean PIsany-Ferri et Selma Mahfouz
France Stratégie, mai 2023

* Note : Dans la note d'étape de nov. 2022, les investissements nécessaires à l’atteinte des objectifs de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC-2) avaient été estimé à environ 2,5 points de PIB en 2030 sur la base de chiffrages harmonisés, dont ceux publiés en avril 2022 par le Pôle Energie-Climat de Rexecode (58 à 80 milliards d’euros soit 2,1% à 2,9% du PIB, d'investissement supplémentaires par an d'ici 2030).

 

Et aussi sur ce sujet :

Net Zero+: Climate and Economic Resilience in a Changing World
OCDE, 22 mai 2023 (il existe une version abrégée en français)

Ce rapport formule un ensemble de recommandations sur les politiques à mettre en œuvre pour assurer la résilience de la transition climatique face aux divers chocs qui peuvent venir la perturber, comme on l'a vu récemment avec la crise du Covid-19 ou la guerre en Ukraine avec les problèmes d'approvisionnement ou la crise énergétique, mais aussi faire face à d'autres freins. Il examine aussi comment renforcer la résilience face aux répercussions croissantes du changement climatique.

Macroeconomic effects of carbon transition policies: an assessment based on the ECB’s new area wide model with a disaggregated energy sector
Banque Centrale Européenne
ECB Working Paper Series, N.2879, 17 mai 2023

Evaluation des effets macroéconomiques potentiels des politiques destinées à contrer le changement climatique à l'aide du nouveau modèle (NAWM) de la BCE pour la zone euro. Dans le scénario central l'augmentation des taxes carbone à un niveau cible intermédiaire compatible avec la transition vers une économie décarbonée entraîne une hausse transitoire de l'inflation et une baisse durable, quoique modérée, du PIB. Ces effets à court et moyen terme dépendent de la réaction de la politique monétaire, de la trajectoire de l'augmentation de la taxe carbone et de sa crédibilité, l'accroissement de l'approvisionnement en énergie "propre" étant essentielle pour contenir la baisse du PIB. Les recettes fiscales de l'augmentation de la taxe carbone peuvent être utilisés pour contenir les effets négatifs sur les ménages à faible revenu.

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