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Energie: quels sont les risques pour l’approvisionnement de la France ? Une évaluation des Douanes

Vulnérabilité énergétique de la France, DG des douanes et droits indirects, octobre 2023

09/10/2023

La crise énergétique de 2022 a engendré une forte hausse du coût des importations européennes et françaises de pétrole et de gaz, et a mis en avant le risque de rupture des approvisionnements. Dans une note, la Direction générale des Douanes examine la vulnérabilité associée à la forte dépendance française aux importations énergétiques, plus ou moins nuancée selon la capacité à diversifier les fournisseurs.

Vulnérabilité énergétique de la France, DG Douanes, Études et éclairages n°95 (octobre 2023)

La crise énergétique de 2022, consécutive à la guerre en Ukraine, a provoqué une forte hausse de la facture énergétique de la France.

Le coût des importations d'énergie a été multiplié par 2,5 par rapport à 2019, passant de 58,4 Md€ à 148,6 Md€ en 2022. Cette augmentation est due au gaz pour plus de la moitié (de 11 à 52 Md€), au pétrole pour près d’un tiers (de 45 à 72 Md€), et le reste aux importations d’électricité suite à la faible disponibilité du parc nucléaire sur cette période.

Cette crise a également révélé l'exposition de la France à des risques de pénurie d'énergie.

Dans une note, la Direction générale des douanes et droits indirects évalue la vulnérabilité de la France en matière d'approvisionnements énergétiques en se basant sur trois critères: la dépendance aux importations d'énergie, le degré de concentration des importations, et leur potentiel de diversification.

La dépendance de la France aux importations énergétiques (totale ou quasi-totale pour le pétrole et le gaz) constitue un facteur de vulnérabilité, plus ou moins sensible en fonction des deux autres critères.

Grâce à la diversité de ses fournisseurs, la France est peu vulnérable à une rupture d’approvisionnement en pétrole.

Les importations françaises "sont originaires de nombreux pays différents et la part de marché de ses principaux fournisseurs (États-Unis, Russie, Arabie saoudite) est limitée (32% en 2022)". En outre, l’offre mondiale de pétrole est répartie sur suffisamment de pays pour que la France puisse choisir d’autres fournisseurs, à l’instar du Brésil et du Guyana après la fin des importations de pétrole russe par exemple.

• La possibilité de diversifier les fournisseurs est moins aisée pour le gaz naturel.

D'abord en raison du degré de concentration des pays fournisseurs (les Etats-Unis, la Norvège et la Russie détiennent plus des deux tiers du marché en France en 2022). Ensuite, en raison de l’absence d’interconnexions entre gazoducs et de la nécessité de disposer d’infrastructures de transport et de conversion entre gaz gazeux et gaz naturel liquéfié.

• La France est généralement exportatrice nette d'électricité, mais dépendante de l'étranger pour ses approvisionnement en uranium.

Cependant, on notera qu'en 2022 la France a été importatrice nette d’électricité pour la première fois depuis au moins 1980, dans un contexte de faible disponibilité de son parc nucléaire. Surtout, la France est dépendante de l'étranger pour ses approvisionnements en uranium nécessaire au fonctionnement des centrales nucléaires. Point de vulnérabilité, trois pays, le Niger, l’Australie et le Kazakhstan, ont assuré près des trois quarts de ses approvisionnements en 2022.

• La vulnérabilité des approvisionnements en charbon est très élevée mais cette source d'énergie n’est pas stratégique. La France a en effet fermé sa dernière mine en 2004. Mais la part de cette source d’énergie dans les importations totales d’énergie est très réduite.

Synthèse par la Doc de Rexecode, accès ci-dessous :

Vulnérabilité énergétique de la France
Direction générale des douanes et droits indirects – Etudes et éclairages N°95, 6 octobre 2023

 

Voir aussi :

European power sovereignty through renewables by 2030
Etude commandée au Potsdam Institute for Climate Impact Research par Aquila Capital, 5 octobre 2023

L'Europe pourrait sortir de sa dépendance à l'égard des combustibles fossiles d'ici 2030 à condition d'accélérer ses investissements dans les renouvelables (éolien, solaire, géothermie). Les auteurs estiment que 2000 milliards d'euros d'investissements seront nécessaires. L'Europe devra investir chaque année 140Mds € jusqu'à 2030, puis 100 Mds annuels pendant la décennie suivante. Les technologies nécessaires sont disponibles, mais le cadre législatif doit devenir plus favorable aux ENR en Europe.

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