Focus
Perspectives économiques à court terme
En 2024, la France présentait le 2ème ratio de dépense publique/PIB le plus élevé de la zone euro après la Finlande, elle était 1ère en 2023 avec un écart de 9 points à la moyenne. Dans son Bulletin publié fin juillet, la Banque de France montre que cet écart est dû aux 2/3 aux dépenses de protection sociale. La structure des dépenses par fonction tient à la fois aux spécificités structurelles des pays, notamment démographiques, à l’efficience de la dépense, et aux choix politiques nationaux.
La présentation du plan Bayrou le 15 juillet a ouvert les discussions autour du projet de budget 2026 en France. Dans ce contexte, le Bulletin de la Banque de France consacre un article aux spécificités de la dépense publique en France en comparaison avec le reste de la zone euro. L’article examine en particulier les données d’Eurostat sur la décomposition de la dépense publique par fonction afin de rechercher les sources du poids particulièrement élevé des dépenses en France relativement à ses voisins.
+9,3 points de PIB : l’écart entre le niveau de dépense de la France et la moyenne de la zone euro hors France en 2023
En 2023 (dernière année où la décomposition des dépenses par fonction est disponible), la dépense publique représente 57,1% du PIB en France, un écart de +9,3 points de PIB par rapport à la moyenne du reste de la zone euro. La France est passée de la 5ème place en 1995 à la 1ère en 2023 (puis 2ème en 2024, juste derrière la Finlande).
L’écart France-zone euro (+5,0 points de PIB) sur les dépenses de protection sociale est lié principalement aux dépenses de retraite (2,2 points), de santé (1,5 points) et, dans une moindre mesure, de chômage (0,4 points). Le tiers restant est dû à un poids plus élevé de la dépense dans certains secteurs de l’action publique: affaires économiques pour +0,6 points (politiques structurelles de soutien à l’économie), logement +0,4 points, enseignement +0,4 points.
La question de l’efficacité et de la qualité de la dépense se pose au regard des résultats insatisfaisants de certaines politiques
Comme le soulignent les auteurs, ces résultats sont "à analyser au regard des caractéristiques de chaque pays. En effet, une partie de l’écart, notamment dans le domaine de la santé ou de l’enseignement (voir l'article de Denis Ferrand dans les Echos sur la question de la dépense "active" d'éducation par élève), peut être expliquée par la démographie, le choix de prise en charge public‑privé" et du mode d’intervention (prestations, réductions d’impôts…). Une meilleure maîtrise des dépenses publiques passera par des gains d’efficience et "un effort de l’ensemble des administrations publiques".
Synthèse par la Doc de Rexecode, accès ci-dessous
> Où la France dépense-t-elle davantage que ses voisins de la zone euro?
Marion Cochard, Corentin Deredec
Bulletin de la Banque de France, N°259-4, 25 juillet 2025
> Voir aussi cette semaine:
Fiscalité du capital : quels sont les effets de l'exil fiscal sur l'économie ?
Conseil d'analyse économique, Focus N°118, juillet 2025
La note tente d'évaluer dans quelle proportion la fiscalité du capital française fait fuir les hauts patrimoines, et l'impact éventuel de cet exil fiscal sur le tissu économique, en particulier en prenant en compte les effets de ces départs sur les biens professionnels détenus par les personnes qui s’expatrient. Ces analyses permettent notamment d’identifier les effets des réformes fiscales des quinze dernières années.
• Dans Finances publiques: où est la cote d’alerte ? paru dans la Lettre de Rexecode du 3 septembre 2025, Denis Ferrand souligne que la croissance tendancielle de la dépense publique excède la croissance potentielle de l’économie en France, ce qui occasionne une hausse spontanée de son poids dans le PIB: "tout relâchement des efforts est proscrit".
• Dans L’équation budgétaire de la rentrée scolaire, sa chronique pour Les Echos d'août 2025, Denis Ferrand s'interroge: au vu des mauvais résultats de son système éducatif dans les classements internationaux, le budget que consacre la France à l'enseignement est-il suffisant? La dépense éducative de la France est de l’ordre de 5,4% de son PIB en 2021, un peu au-dessus de la moyenne OCDE (4,9%) mais pour une population scolarisée plus importante. La dépense par élève du primaire en France s'avère inférieure de 19% à la moyenne, une fois retirée la subvention implicite des pensions de retraite des personnels de l’éducation nationale.
• Parmi les conclusions du groupe de travail "Rémunérer, Travailler" animé par l'Institut de l'Entreprise et Rexecode dans le cadre du Front Économique porté par le Medef, figure des propositions pour repenser les mécanismes de solidarité et renforcer la soutenabilité du modèle social français, notamment, réduire les dépenses du système de retraite, sans remettre en cause son équité.
• Plan Bayrou: un pas dans la bonne direction. Dans cette note publique, Olivier Redoulès livre une première analyse des annonces du Premier ministre François Bayrou du 15 juillet 2025 sur les finances publiques et la production économique.
• Dans Dépenses publiques: l'anomalie française au sein de la zone euro paru dans la Lettre du 3 octobre 2024, Charles-Henri Colombier examine la dynamique des dépenses publiques françaises depuis 2000 en comparaison européenne et montre que la France se distingue par le poids élevé de ses dépenses publiques et son incapacité à en contenir les dérives.
• Un exercice de comparaison des dépenses publiques par fonction entre la France et l'Allemagne mené en 2018 par Michel Didier (Dépenses publiques: d'où vient l'écart entre la France et l'Allemagne, comment le réduire?, Document de travail Rexecode N°69, juin 2018) montrait le rôle déterminant des dépenses de protection sociale, et en particulier de retraite (4 points de PIB) malgré une démographie plus favorable en France.