La Chine gagne des parts de marché à l'international dans tous les secteurs, y compris les plus innovants et en dépit de la guerre commerciale ouverte par les Etats-Unis qui l'amène par ailleurs à se reporter sur le marché européen. "L'hyper compétitivité" chinoise est basée sur des coûts de production très inférieurs à ceux de ses concurrents européens et une politique de soutien massif de la production et de l’exportation. Cette menace redoutable pour l'industrie en Europe est-elle partie pour durer, voire s'amplifier?

Dans une note pour les adhérents de Rexecode, Célia COLIN, économiste, fait le point sur la performance chinoise à l’export à partir d’une analyse fine du commerce extérieur par produits. Le succès de la Chine à l'export, y compris dans les secteurs à haute valeur ajoutée, s'appuie sur une compétitivité prix très supérieure à celle de ses grands concurrents, en Europe en particulier. 

Pour l’industrie européenne cette "hyper compétitivité" chinoise peut constituer une menace existentielle: est-elle amenée à perdurer voir à s’amplifier à court terme ? Pour le déterminer, Célia COLIN a identifié les 8 principaux facteurs de l’hyper compétitivité chinoise et examiné leurs perspectives d'évolution. 

Cette note ayant suscité beaucoup d’intérêt en dehors du cercle de nos adhérents nous en proposons un aperçu ci-dessous en quelques graphs. Si vous souhaitez accéder à l’intégralité de la note (16 pages) merci de nous contacter, elle vous sera adressée gratuitement.

Les gains de parts de marché de la Chine se poursuivent dans tous les secteurs, même les plus innovants

En juillet 2025, le volume des exports de biens chinois dépassait de 44% son niveau de fin 2019. Sur la même période, le volume de biens exportés par la zone euro avait reculé de 6 %.

Monde exportation par zone (graphique Rexecode)

Notre analyse fine du commerce par produit montre que la Chine détient 59% des parts de marché à l’export pour les jouets et articles de sport mais aussi 41% des semiconducteurs, 41% de l’habillement, 38% des drones et 22% des robots industriels.

Depuis fin 2019, les prix à la production en Chine ont crû de seulement 2% contre +26% en zone euro.

Ces écarts permettent à la Chine de proposer des prix défiants toute concurrence sur le marché européen. 

Comparaison des prix à la production des produits industriels hors énergie (graphique Rexecode)

Les écarts entre les coûts de production chinois et européens sont considérables. Notre revue des études existantes l’illustre s’agissant du secteur automobile. A titre d'exemple, sur des modèles de gamme comparable BYD et Volkswagen, le coût de main d’œuvre en Chine serait inférieur de 77% à celui de l’Allemagne. Ce n’est certes pas le premier poste de coût mais l’écart est énorme. 

Les salaires dans le secteur manufacturier en Chine restent inférieurs de près de 70% au niveau européen

L’écart avec l'Europe est même plus important si l’on tient compte des spécificités du marché du travail chinois qui demeure dual.  De surcroît, la progression des salaires chinois a ralenti récemment tandis que les gains de productivité sont largement plus forts qu’en Europe, ce qui tire à la baisse les coûts salariaux unitaires.

Rémunération brute/tête, secteur manufacturier chine zone euro  (graphique Rexecode)

Depuis plus de 25 ans, les autorités chinoises ont privilégié l’offre et l’investissement à la consommation privée, avec à la clé de forts gains de productivité

Le rythme élevé d’investissement a augmenté l’efficacité de l’appareil productif

Entre 2000 et 2010, période intégrant l’entrée de la Chine à l’OMC (2001), le PIB chinois en volume a crû de 10,6 % en moyenne chaque année, tiré par les investissements (taux de croissance moyen de 14 % par an) et les exportations (18%/an). 

Entre 2024 et 2025, l’investissement en équipements, machines et instruments a atteint des sommets avec une croissance moyenne de l’ordre de 16,2% l’an.  

Chine - Investissement sectoriel (zone urbaine) 2015-2025 (graphique Rexecode)

Ce rythme élevé d’investissement a augmenté l’efficacité de l’appareil productif, notamment par la robotisation des industries.

Avec 470 robots pour 10.000 employés la Chine occupe le 3ème rang mondial de la robotisation

Elle est derrière la Corée du Sud et Singapour et juste devant l’Allemagne et le Japon mais loin devant la France qui dispose de 186 robots pour 10.000 employés.  

Densité de robots dans l'industrie manufacturière en 2023 Monde (graphique Rexecode)

Le soutien du tissu productif par l’Etat chinois, qu’il passe par les subventions (3 fois supérieures à celles de la France et 4 fois supérieures à celles de l’Allemagne ou des Etats-Unis), l’organisation en clusters ou la sous-évaluation artificielle du yuan (la devise chinoise serait sous-évaluée d’environ 51 % comparée au taux du yuan en parité de pouvoir d’achat) expliquent aussi les performances à l’export des entreprises chinoises.

L’hyper-compétitivité chinoise ne se corrigera pas d’elle-même, ce qui rend la réaction des autorités européennes déterminante. 

5 des 8 facteurs de l’hyper-compétitivité chinoise devraient se renforcer

Au total, l'étude identifie 8 grands facteurs de l’hyper-compétitivité chinoise. 5 relèvent de coûts de production plus faibles: rémunération du travail, productivité du travail, coût de l’énergie, distribution et acheminement, profitabilité des entreprises. 3 relèvent de politiques macroéconomiques: subventions, sous-évaluation de la monnaie, politique macro-industrielle.

Perspectives d'évolution des 8 facteurs d'hypercompétitivité de la Chine/UE (tableau Rexecode)

Il ressort de notre analyse que 5 des 8 facteurs identifiés seraient amenés à se renforcer dans les années à venir. L’hyper-compétitivité chinoise ne se corrigera donc pas d’elle-même, ce qui rend la réaction des autorités européennes face à cette situation déterminante. 

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