Alors que 2025 confirme et amplifie l'inflexion à la hausse des prélèvements obligatoires amorcée en 2024 en France, Rexecode actualise son "compteur fiscal". Ce relevé, année après année, des montants des mesures nouvelles touchant les impôts, cotisations ou taxes, montre que les baisses de prélèvements engagées après 2015 n’ont pas totalement effacé le choc fiscal de 2011-2013. Par ailleurs, même s'il a progressé moins vite que la moyenne depuis 2010, le poids des prélèvements obligatoires dans le PIB reste bien plus élevé en France que dans les autres pays européens.

2025 marque le retour d’une politique de hausses des prélèvements obligatoires en France, après près de dix années de résorption partielle du choc fiscal de 2011-2013 

La hausse de prélèvements de 2025 atteint 21 Md€, soit 0,7 point de PIB. Elle est supportée pour les 2/3 par les entreprises et pour 1/3 par les ménages. Il s'agit néanmoins d'une hausse moins forte que celle de 2011, première étape d’une vague de hausses de prélèvements obligatoires de près de 3,5 points de PIB en cumulé de 2011 à 2013.

Ce nouveau choc fiscal qui se dessine, dans un contexte de finances publiques dégradées, part d’un niveau de prélèvements plus élevé qu’au début des années 2010. 

Les mesures nouvelles de prélèvements, à la hausse comme à la baisse, mises en œuvre de 2011 à 2025, représentent une hausse d’environ 1,7 point de PIB, en cumulé, soit plus de 50 milliards en euros de 2025. Le taux des prélèvements obligatoires est quant à lui supérieur en 2025 de 2,2 points de PIB à ce qu’il était en 2010.

L’inflexion à la hausse des prélèvements de 2024 et 2025, certes moins forte qu'en 2011, pourrait marquer le début d’un nouveau choc fiscal. Il partirait d’une base plus élevée, le taux de prélèvements obligatoires étant actuellement supérieur de 2,2 points de PIB à son niveau de 2010.

La France a moins augmenté ses prélèvements obligatoires que les autres pays européens depuis 2010, mais son taux de prélèvements obligatoires est resté plus important. 

En 2023, le taux de prélèvements obligatoires en France était supérieur de 4,8 points de PIB à celui de la moyenne de l’UE à 27, et de 4,2 points de PIB à celui de ses proches voisins (Allemagne, Belgique, Espagne, Italie, Pays-Bas). 

Par rapport à la moyenne de ces 5 pays, la France prélève 2,5 points de PIB supplémentaires sur le travail, 0,7 point de PIB supplémentaire sur la consommation et 1,1 point de PIB supplémentaire sur le capital. Plus de la moitié de l’écart de prélèvements entre la France et ses voisins est supporté par les entreprises, ce qui pénalise leur compétitivité. Enfin, rapportés à leur valeur ajoutée, les prélèvements sur les entreprises représentent 5,1 points de plus en France que chez ses voisins en 2023 (+4,4 points de plus après déduction des aides et subventions).

L'écart de compétitivité et d’attractivité de la France avec ses voisins européens risque de se creuser à nouveau, notamment avec l'Allemagne

La hausse des prélèvements en 2025 interrompt l’alignement, amorcé mais encore partiel, de la France sur les autres pays européens. Le retard de compétitivité et d’attractivité de la France devrait donc persister, et pourrait même s’aggraver si les autres pays décident d’engager des mesures de soutien à la compétitivité. L'Allemagne, par exemple, déploie des dispositifs d’incitation à l’investissement productif au moyen notamment de mesures d’amortissement accéléré des dépenses en équipements.