A partir des projections démographiques de l'Insee pour la France d'ici 2070, la Cour des comptes analyse dans un rapport les conséquences de la baisse de la natalité et du vieillissement de la population sur les finances publiques. La Cour recommande de mieux intégrer ces projections aux orientations budgétaires et d'augmenter la quantité de travail fourni "à l'échelle d'une vie".

La Cour des comptes examine les conséquences des grandes évolutions démographiques en France (vieillissement, baisse de la natalité) sur les finances publiques, et notamment leur impact sur la croissance économique, le niveau des recettes publiques et la structure des dépenses.

La population française atteindrait un plafond de 70 millions d’habitants vers 2040, avant de retomber à 68 millions en 2070 selon le scénario central de l’Insee (avec un taux de fécondité de 1,8). Les plus de 75 ans passeraient de 7,3 à 11,2 millions, tandis que la population en âge de travailler (20-64 ans) diminuerait de 38 à 34,6 millions. 

Les dépenses liées au vieillissement représentaient déjà plus de 40% des dépenses publiques en 2023 (+11 points depuis 1998) selon la Cour qui a procédé à une classification des dépenses selon leur sensibilité aux évolutions démographiques. Les dépenses sensibles à la natalité et celles au bénéfice des générations futures auraient quant à elles vu leur poids baisser à 14,3%. 

A titre d'illustration, la Cour a simulé l'impact de la déformation attendue de la pyramide des âges sur les dépenses publiques. A bénéfices reçus inchangés, le ratio dépenses publiques/PIB augmente jusqu'à 60,8% en 2070 pour financer les dépenses à destination des plus de 65 ans (retraites, dépendance, santé). Sur la base du scénario "fécondité basse" de l’Insee (1,6 enfant par femme), "ces résultats ne seraient pas fondamentalement différents" selon la Cour. 

La diminution de la taille de la population en âge de travailler érodera les recettes publiques qui décrocheront par rapport à l'augmentation des dépenses publiques liée au vieillissement. Pour faire face à la contraction de la population en âge de travailler, la Cour recommande notamment d'augmenter le taux d'emploi et "la quantité de travail à fournir à l’échelle d’une vie".

> Démographie et finances publiques
Cour des comptes, 2 décembre 2025

Quelques notes Rexecode sur... 

• La quantité de travail en France et en Europe

> Dans la note Augmenter la quantité de travail en France: enjeux et leviers (Repères, mars 2025), Olivier REDOULES montre qu'avec un taux d'emploi plus faible que dans la plupart des pays européens, en particulier chez les plus de 60 ans, la France perd en PIB et en niveau de vie. En s'alignant sur la moyenne européenne, voire sur l'Allemagne et la Suède, la France gagnerait jusqu'à 3 à 6% de PIB supplémentaire selon l'effet estimé sur la productivité. 

> Dans le  rapport sur la durée effective du travail en France et en Europe 2023 et la quantité de travail dans l’économie, (Document de travail N.92, décembre 2024), Olivier REDOULES la comparaison annuelle de la durée effective de travail des diverses catégories de travailleurs est complétée par une comparaison de la quantité de travail par personne en âge de travailler. 

>  Dans Impact de la réforme des retraites sur le déficit (Repères N.5 d’avril 2023), Olivier REDOULES estimait que le principal impact positif de la réforme des retraites de 2023 viendrait de la hausse du PIB (+1,1 point) et de l’emploi (+300.000) en 2030, liée à la hausse du taux d'emploi des seniors. Le déficit du système des retraites ne serait pas résorbé pour autant d'ici 2030 ni au-delà.

• La politique budgétaire et fiscale

> Comment répondre à plus de besoins collectifs avec moins d'argent public ? Michel DIDIER et Gilles KOLEDA répondent à cette question dans "De l'Etat dépensier à l'Etat garant" (Document de travail de juin 2023) en proposant notamment de passer de l'Etat dépensier à l'Etat garant des risques, afin de mobiliser l'épargne privée vers le financement de besoins collectifs en forte progression.