Selon les prévisions de Rexecode fondées notamment sur l'analyse des dynamiques sectorielles, les émissions de gaz à effet de serre de la France baisseraient de 2,4% en 2025, et la croissance du PIB est attendue à 0,7%. Ce découplage montre que la décarbonation de l'activité économique se poursuit. Le rythme annuel de baisse des émissions devrait néanmoins plus que doubler pour tenir nos objectifs climatiques à horizon 2030 et 2050.

Nos prévisions des émissions de gaz à effet de serre de la France, publiées pour la première fois en juillet dernier ont été mises à jour pour tenir compte des dernières perspectives économiques de Rexecode. Elles indiquent pour 2025 une poursuite de la baisse totale des émissions brutes, tous secteurs confondus, de l’ordre de 2,4%. Un rythme de baisse similaire à celui de 2024 (-1,8%) mais ralenti par rapport à 2022 (-3,9%) et 2023 (-6,8%), deux années marquées par les conséquences du choc énergétique. 

Cette baisse des émissions intervient alors que le PIB français en volume devrait, selon nos prévisions, poursuivre sa croissance à un rythme de +0,7%, ce qui confirme le découplage entre activité économique et émissions de gaz à effet de serre. Cette baisse des émissions de CO2 est néanmoins en deçà de ce qui serait nécessaire pour tenir les objectifs climatiques de la Stratégie Nationale Bas Carbone, qui exige une réduction annuelle moyenne des émissions plus de deux fois plus rapide, de près de 5% par an.

Notre prévision d’une baisse de -2,4% en 2025 est significativement plus forte que les prévisions de l’Insee, dans sa note de conjoncture de juin 2025, et du CITEPA, dans son baromètre prévisionnel de juillet, qui ont pour la première fois publié une prévision des émissions pour 2025. L’Insee projette une baisse de 1,3%, tandis que le CITEPA estime une réduction de 0,8%. 

Nos prévisions tiennent compte de données plus récentes que celles de l'Insee et du CITEPA, et d’une représentation des dynamiques structurelles des différents secteurs.

La compréhension des mécanismes physiques et économiques qui déterminent les émissions, ainsi que des trajectoires qu’ils impliquent pour l’avenir, est essentielle pour suivre et piloter le processus de décarbonation. Cela suppose de disposer d’outils d’analyse et de prévision capables d’identifier rapidement les dynamiques à l’œuvre et d’éclairer les choix des décideurs.

L’analyse des évolutions récentes met en évidence des dynamiques contrastées selon les secteurs, avec des points d’intérêts particuliers pour ce qui concerne les transports, l’énergie, l’industrie manufacturière et l’usage des bâtiments.

Dans le secteur des transports, la transition du parc automobile progresse, même si ce rythme demeure insuffisant pour répondre aux objectifs climatiques. 

Les ventes de véhicules électriques poursuivent lentement leur montée en puissance et atteignent 18,3% des immatriculations neuves en depuis le début 2025, contre 17,6% en 2024 sur la même période – mais les immatriculations totales régressent de 8,7% dans le même temps. La part dans les ventes des motorisations thermiques non hybrides recule fortement (28,8% en 2025 contre 41% en 2024), principalement au profit des hybrides non rechargeables. Cette progression des véhicules bas carbone dans les ventes n’a en revanche qu’un impact mineur sur les émissions totale du parc roulant. La majorité de la baisse des émissions provient de la diminution tendancielle des consommations moyennes au km des véhicules du parc et par la lente transformation de sa composition, ce qui se traduit par une baisse de la consommation totale de carburants en particulier de diesel.

Dans la production électrique, les centrales thermiques fossiles poursuivent leur recul.

La production à partir de gaz a diminué de 1,6% et celle issue du fioul de 21,7%, cette dernière en net recul ces dernières années. Au total, la production thermique fossile s’établit à 12,1 TWh, soit une baisse de 3% par rapport à l’année précédente. Cette évolution s’explique par le retour à des niveaux de production nucléaire normaux, par l’essor du solaire photovoltaïque (production de 23 TWh entre janvier et août 2025 contre 24,8 TWh sur l’ensemble de l’année 2024), mais aussi par une demande d’électricité qui progresse peu, dans un contexte de températures printanières plus douces qu’en 2024. Les capacités de pointe ont ainsi été moins sollicitées, ce qui a contribué à réduire les émissions du secteur électrique. Par ailleurs, en ce qui concerne les industries de l’énergie hors électricité, la production du secteur du raffinage est en baisse de 2,5% sur les sept premiers mois de l’année par rapport à 2024, ce qui a un effet baissier sur les émissions.

Dans l’industrie, les émissions afficheraient une légère baisse.

L’indice de production de l’industrie manufacturière progresse légèrement par rapport à 2024 sur les sept premiers mois de l’année 2025. En réalité, la baisse de la production de certains secteurs intensifs en énergie qui ont un impact important sur les émissions (-1,1% dans la chimie, -1,1% pour les minéraux non métallique) est compensée par des hausses dans d’autres secteurs (+3,4% dans la métallurgie). Nos prévisions d’émissions tiennent compte de ces effets de composition, mais également d’une poursuite des gains tendanciels d’efficacité énergétique et de décarbonation du mix énergétique pour chacun des grands secteurs industriels. Ces derniers expliquent la majorité de la baisse des émissions industrielles dans notre prévision.

Dans le bâtiment, la consommation énergétique est restée contenue, à la faveur de températures clémentes. 

Sur la période avril–août 2025, les températures minimales moyennes ont été nettement supérieures à celles de 2024, ce qui s’est traduit par de moindres besoins de chauffage. En rythme annuel, nous prolongeons dans nos modèles la poursuite de la diminution de la consommation d’énergie par m², portée par les rénovations énergétiques et la diffusion d’appareils de chauffage plus performants.