Le Meti (Mouvement des entreprises de taille intermédiaires) propose un "mode d’emploi" de la réindustrialisation, soit quinze propositions "à actionner simultanément" pour restaurer la compétitivité de la France et son attractivité industrielle. L’auteur, Olivier Lluansi, s’est notamment appuyé sur des travaux et propositions de Rexecode en matière de politique économique et fiscale.

Le Mouvement des entreprises de taille intermédiaire (Meti) a confié à Olivier Lluansi, professeur au CNAM (titulaire de la chaire "industrie décarbonée"), la rédaction d’un "mode d’emploi pour renouer avec la prospérité économique et sociale" en France. L’objectif affiché est de combler l’écart de compétitivité de la France avec ses partenaires européens, en mettant en œuvre "simultanément" un ensemble de mesures.

Denis Ferrand et Olivier Redoulès, apportent en introduction l’éclairage de Rexecode en recommandant "un choc d’attractivité pour réussir la réindustrialisation" dont ils énoncent les principaux leviers. 

Parmi les 15 propositions avancées dans le "Mode d’emploi", les mesures suivantes sont étayées par des études de Rexecode : 

Orienter une partie de l'épargne vers le financement de l'industrie et l'investissement productif local.

Dans un document de travail de juin 2023, Michel Didier et Gilles Koléda estiment que l’enjeu est d’orienter une partie des 3 000 milliards de l’épargne de précaution (placements en assurance-vie, en épargne réglementée et en actions cotées) vers l’investissement productif.

Mobiliser l’épargne privée en créant des fonds d’investissement à capital garanti

Dans un document de travail publié le 11 juin 2025, MM. Didier et Koléda plaident pour mobiliser l’épargne privée en créant des fonds d’investissement à capital garanti pour attirer une part suffisante de l’épargne des ménages vers le capital-risque et le financement des entreprises de croissance. Un potentiel de 100 milliards d’euros d’épargne pourrait être à terme ainsi mobilisé.

Préconisation récurrente, les fonds à capital garanti ont été proposés pour la première fois par Michel Didier en 2021.

• Permettre l'accès des industriels français à une énergie décarbonée et compétitive et de garantir des prix stables.

Ainsi que le souligne Raphaël Trotignon dans un Repère de politique économique d'octobre 2024, la France présente une intensité carbone moyenne de l’électricité très faible, grâce au nucléaire notamment. Du point de vue climatique, elle représente donc une terre d’accueil très favorable au développement industriel.  

• Réaligner la compétitivité fiscale de la France sur les normes européennes, grâce à une loi de programmation pluriannuelle de la compétitivité française.

D’après l’étude d’Olivier Redoulès publiée en octobre 2024, les prélèvements en amont du résultat d’exploitation représentent 7 points de valeur ajoutée de plus en France qu’en Allemagne pour l’industrie (plus de 20 Md€). En particulier, l’écart en impôts de production (nets) avec l’Allemagne et la moyenne de la zone euro est de 3,2 points de valeur ajoutée (10 Md€ pour l’industrie). Les baisses d’impôts de production à partir de 2020 ont seulement réduit, sans le résorber, l’écart de fiscalité pesant sur l’industrie.

• Alléger massivement le coût du travail qualifié, nettement plus élevé que dans les autres pays européens.

Olivier Redoulès montre dans un document de travail de janvier 2025 qu’au-delà de 1,4 SMIC environ, les prélèvements portant sur le travail acquittés par l’employeur ou le salarié sont supérieurs, en pourcentage du salaire brut, en France que dans les autres grands pays de la zone euro. La surfiscalité par rapport à l’Allemagne atteint 10 points de salaire brut autour de 3,5 SMIC, et s’accentue à mesure que l’on progresse sur l’échelle des salaires.

• Réformer la fiscalité locale de production sur les entreprises

Dans son Etat des lieux de la fiscalité locale de production en France et en Europe paru en septembre 2023 (avec le soutien du METI), Rexecode estime que la réforme des impôts de production de 2021 a permis une baisse significative de leur montant (0,8 point de valeur ajoutée de l’ensemble des entreprises) mais qu’elle aurait seulement réduit, sans le fermer, l’écart de la France avec ses voisins européens. Dans le même temps, la réforme a entraîné un amoindrissement de l’autonomie fiscale des collectivités, affaiblissant le lien avec les entreprises locales.

Synthèse par la Doc de Rexecode, accès ci-dessous

> Produire et travailler en France, mode d’emploi. 15 leviers à actionner simultanément pour restaurer le socle industriel français
Olivier Lluansi pour le METI, avec les éclairages de Rexecode, juin 2025