Dans ses dernières perspectives économiques mondiales - révisées à la baisse pour 2025 et 2026 – l’OCDE consacre un encadré à la hausse des dépenses militaires annoncée par de nombreux pays, notamment en Europe. Les coûts budgétaires pourraient être compensés par des gains de croissance économique et de productivité. Des gains toutefois difficiles à prévoir et variables selon les pays.

Selon les dernières Perspectives économiques de l'OCDE, dans l'hypothèse où les droits de douane restent à leur niveau de mi-mai, la croissance du PIB mondial devrait ralentir et passer de 3.3% en 2024 à 2.9% en 2025 et 2026 (contre 3,1% en 2025 et 3,0% en 2026 anticipés en décembre 2024). L'inflation "pourrait se révéler plus persistante que prévu" : 4,2% en 2025 et 3,2% en 2026 dans l'ensemble de la zone OCDE. En France, la croissance atteindrait 0,6% en 2025 et 0,9% en 2026, et l'inflation s'élèverait à 1,2% en 2025 puis 1,7% en 2026, après 2,3% en 2024.

L’OCDE consacre un encadré aux conséquences de la hausse des dépenses militaires sur l’économie et les finances publiques.

Les dépenses de défense sont récemment reparties à la hausse dans de nombreux pays de l’OCDE, et particulièrement en Europe, où cette augmentation (+500 Mds€ au cours de la prochaine décennie selon les estimations de la Commission européenne) accentuera les tensions budgétaires dans de nombreuses économies – qui devront opérer des ajustements budgétaires ou alourdir leur charge fiscale.

Des gains de croissance réelle ou potentielle pourraient aider à compenser les coûts budgétaires des dépenses militaires, mais ils ne peuvent être prévus avec certitude et varieront d’un pays à l’autre.

Les effets à court terme sur la production seront plus probables dans les pays faiblement endettés et dans ceux qui possèdent une industrie de défense locale bien établie (Allemagne, France, Suède, Royaume-Uni). Selon "les estimations d’analyses récentes", l’impact économique d’une progression des dépenses militaires à hauteur de 1,5% du PIB représenterait un surcroît de PIB de 0,5 à 1,5% à l’échelle de l’Europe.

Selon l'OCDE, des marchés publics efficients et une coordination des achats à l'échelle européenne pourraient favoriser des retombées positives en termes d'innovation et de production. Une augmentation de la R&D dans le secteur de la défense pourrait également entraîner une hausse de la productivité du secteur privé, "à condition que l’emploi de travailleurs qualifiés plus nombreux dans la défense n’aggrave pas les pénuries de compétences dans d’autres secteurs".

Synthèse par la Doc de Rexecode, accès ci-dessous.

> S’attaquer à l’incertitude, relancer la croissance
Perspectives économiques de l'OCDE, N.117, 3 juin 2025, version préliminaire

 

Quelques notes Rexecode sur le sujet: 

• Que faut-il attendre du réarmement européen ? C'est ce qu'examine Paul Berthier dans un Analyse et Diagnostic paru le 3 juin 2025. Alors que beaucoup de membres de l’UE dépendent encore massivement des importations d’armement américain, l’investissement dans la défense européenne nécessitera un financement coordonné. L’impact économique de ce réarmement sera probablement modéré du fait d’un recours substantiel aux importations et des contraintes de production.

L’impact du réarmement européen sur la croissance sera certainement modéré (environ 0,5% de PIB additionnel à horizon 2028). Pour la France, l’impulsion serait certainement plus élevée.

• Lors de la Réunion de conjoncture économique et financière du 21 mai 2025, Paul Berthier est revenu sur la question du financement de besoins d'investissements considérables dans un contexte budgétaire contraint. Il a notamment souligné les limites des dispositifs européens (plan Rearm Europe, programme SAFE,...) et les débats entourant le projet de nouveau "Mécanisme européen de la défense".

• Un Point d’actualité présentait en mars 2025 l’industrie de la défense française et les ordres de grandeur associés (entreprises, emplois, activité, croissance...). Anthony Morlet-Lavidalie montrait que les retombées économiques de l’augmentation des dépenses militaires pourraient être particulièrement élevées en France, notamment dans des secteurs amont (métallurgie, chimie, plasturgie).