Dans son dernier Fiscal Monitor, le FMI évalue les bénéfices à attendre en termes de croissance économique, dans les pays avancés, émergents et en développement, d’une meilleure allocation de l’argent public. Les gains tirés d’une réaffectation stratégique des ressources, en particulier au profit des infrastructures, du capital humain et de la R&D seraient importants — et encore amplifiés en améliorant l’efficience des dépenses.

Selon une étude du FMI publiée dans le chapitre 1 du Fiscal Monitor d'octobre et portant sur 174 pays, améliorer l'efficience de la dépense publique et mieux flécher les ressources publiques vers l'investissement et l'innovation peuvent favoriser la croissance économique sans nécessiter l’augmentation du  total des dépenses.

La marge d’optimisation des dépenses publiques reste élevée

Le FMI a calculé l’écart existant entre les résultats effectifs des dépenses publiques et les meilleurs résultats qu’il serait possible d’obtenir avec les mêmes ressources. Dans les pays avancés, cet écart se situe aux alentours de 31%.

Réorienter les dépenses vers les investissements d’avenir: des gains économiques significatifs...

Les simulations du FMI montrent que dans les pays avancés, réaffecter l’équivalent de 1% du PIB vers l’investissement dans les infrastructures, tout en maintenant le total des dépenses inchangé grâce à une baisse de la dépense courante de l’État, permettrait d’augmenter la production nationale d’environ 1,5% en 2050. Dans le cas d'une réaffectation dans l’éducation, les gains sont estimés à environ 3% (jusqu’à 6% dans les pays émergents et en développement).

Plus les progrès seront rapides, plus les bienfaits seront importants.

...qu'augmente encore une plus grande efficience des dépenses

Les gains de production permis par la réorientation des dépenses pourraient être accrus de 1,4% sur le long terme dans les pays avancés en améliorant l’efficience de la dépense publique de 10 points de pourcentage. Les moyens cités sont, par exemple, un renforcement de la concurrence et la transparence dans les procédures de passation des marchés, une meilleure évaluation des projets d'investissement public avec la prise en compte des coûts d’entretien,  la réforme des régimes de retraite et des systèmes de santé, ou encore le transferts d’activités non essentielles au secteur privé ou le développement de partenariats public-privé.

> Spending Smarter: How Efficient and Well-Allocated Public Spending Can Boost Economic Growth
FMI, Fiscal Monitor – Chapitre 1, octobre 2025 (l’ensemble du Fiscal Monitor sera publié le 15 octobre)

 Voir aussi cette semaine sur les finances publiques:

Un rapport du Sénat sur les enjeux associés à la structure de détention de la dette de l’État estime que dans un contexte de tensions croissantes concernant la trajectoire de la dette publique, la diversification de la structure de détention doit être poursuivie". 

"La structure de détention de la dette de la France se distingue par une forte diversification des investisseurs, tant en termes de types d'acteurs financiers qu'au regard de leur origine géographique". Cette diversification reflète l’attractivité de la dette française pour les investisseurs internationaux. Imposer de nouvelles contraintes en matière de détention porterait atteinte à l'attractivité de la dette française et risquerait d'en renchérir le coût. Ce qui serait "contre-productif" dans un contexte d'alourdissement tendanciel de la charge de la dette de l'État, estimée à près de 100 milliards d'euros à horizon 2030 (contre 54,4 Mds€ en 2025). Le rapport préconise également de "réserver les actions de mobilisation de l'épargne des résidents, telles que celles du type "grand emprunt national", à des programmes de financement spécifiques, fléchés vers des investissements publics stratégiques précisément définis".

Rapport d'information sur les enjeux associés à la structure de détention de la dette de l’État
Sénat - Albéric de Montgolfier, rapport d'information N°902, déposé le 24 septembre 2025, publié le 8 octobre

 

Des notes de Rexecode sur les finances publiques

> Rexecode  a présenté ses perspectives de l’économie mondiale 2025-2026 le 17 septembre. Le dossier est en ligne (réservé aux adhérents).

Denis Ferrand, dans Finances publiques: où est la cote d’alerte ? (Lettre de Rexecode, 3 septembre 2025), montre que les conditions de financement de la dette de l’État française se dégradent. L’effet boule de neige "ne peut que conduire à l’augmentation du poids de la dette publique sous l’effet de son simple roulement, ce qui n’était plus le cas depuis 2016".

> Le Front économique, initié par le Medef, a réuni des économistes et chefs d’entreprises pour livrer 35 propositions de réformes en  faveur de l’innovation et de la production. Ces propositions sont présentées dans une tribune du Grand continent du 29 août 2025.

> Dans Sortir l’économie française de l’enlisement par une réelle volonté de croissance, (document de travail N°95, juin 2025), Michel Didier et Gilles Koléda proposent une véritable politique de croissance à travers l’activation de quatre leviers, notamment la mobilisation de l’épargne privée en créant des fonds d’investissement à capital garanti.