Focus
Perspectives économiques à moyen terme
Commerce extérieur, emploi, R&D: l’industrie pharmaceutique est un pilier de la croissance économique en France. Elle perd cependant du terrain au sein d'une Europe du médicament qui voit son attractivité, sa compétitivité et sa capacité d'innovation faiblir face aux Etats-Unis ou à la Chine. La guerre commerciale et industrielle de D. Trump rend plus urgente une nouvelle stratégie, un changement de modèle du médicament en France comme en Europe.
L’industrie pharmaceutique est un pilier de l’économie française, avec un excédent commercial de plus de 4 Md€ en 2024. La reconstitution de cet excédent pharmaceutique après sa chute en 2023 a contribué à la résorption partielle du déficit extérieur de la France en 2024.
Au sein de l'industrie manufacturière, l'industrie du médicament se distingue par sa forte internationalisation, une croissance de l'emploi (par rapport à l'an 2000), et des investissements massifs dans la recherche. Avec 2,8 Md€ de dépenses et plus de 15.000 emplois en R&D, l’industrie pharmaceutique est le troisième secteur qui investit le plus dans l’innovation en France, après l’automobile et l’aéronautique.
Mais la France perd du terrain dans l’Europe du médicament. Sa part dans les exportations européennes de produits pharmaceutiques a fortement reculé depuis 2000, davantage encore que celle de l'ensemble des biens. En matière de valeur ajoutée, le recul est comparable. Une perte de terrain confirmée par l’orientation défavorable des projets d’investissement.
Le modèle économique européen du médicament est lui aussi remis en cause. Producteur et exportateur majeur dans le monde, l'industrie pharmaceutique européenne a bénéficié jusqu’à présent de l’inertie de la localisation des investissements industriels. Cependant, les signes de faiblesse se multiplient. L’Europe est moins présente sur les segments innovants et investit moins en R&D que les Etats-Unis, alors qu’elle est rattrapée par la Chine et l’Asie.
L'industrie pharmaceutique européenne est une cible pour l'administration Trump qui la juge pour une grande part responsable du déficit commercial, des prix élevés acquittés par les patients américains, et d'un déficit de recettes fiscales. Vu leur dépendance aux produits européens (20% du marché américain), il est probable qu'à court terme les Etats-Unis préfèrent, à une hausse des droits de douanes, un durcissement de la négociation de prix avec les industriels pharmaceutiques.
L’Administration Trump pourrait intégrer dans la négociation sur les prix des médicaments avec les industriels, leurs choix de localisation des sites de production
En faisant pression sur les prix sur le marché américain, l’Administration Trump pourrait provoquer une hausse des prix en Europe, les i tout en incitant à la délocalisation industrielle vers les États-Unis. La France serait particulièrement pénalisée. (1) L’industrie pharmaceutique est le secteur industriel français le plus exposé au marché américain lequel absorbe 12% de la valeur ajoutée générée en France, soit près du double de la moyenne. (2) La France régule très fortement le prix des médicaments, les remises pharmaceutiques atteignant en 2023 près de 10 Md€ (la valeur ajoutée du secteur étant de 15,5 Md€).
En France, la stratégie nationale doit mieux intégrer les facteurs d’attractivité et les conditions de marché mondial, mais aussi considérer les retours sociaux et économiques de la production nationale. Consentir à une hausse du reste à charge permettrait de concilier des prix attractifs pour les producteurs et un meilleur accès aux médicaments.
À l’échelle européenne, l’intégration du marché sera un levier d’efficience si elle permet une plus grande mobilisation des financements, ainsi que des coûts de production et de commercialisation plus faibles, tout en valorisant suffisamment l’innovation.
Repères de politique économique
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