Focus
Perspectives économiques à court terme
Selon la dernière Note de conjoncture de l’Insee, à rebours de la dynamique observée chez ses voisins européens en matière d’investissement notamment, les moteurs de l’économie française calent. Or, l’attentisme des ménages et des entreprises pourrait perdurer, sous l’effet notamment d’une incertitude politique persistante.
L’Insee, dans sa note de conjoncture publiée le 11 septembre, confirme que l’économie mondiale a plutôt bien résisté depuis début 2025 à l’augmentation "progressive et chaotique" des droits de douane par l'administration Trump.
La zone euro sort toutefois affaiblie de ce retour du protectionnisme et de l’incertitude qui l’a accompagné: l’euro s’est fortement apprécié, dégradant un peu plus une compétitivité déjà mise à mal par la crise énergétique de 2022-2023 et la concurrence chinoise. Toutefois l'investissement redémarre, et après deux ans de récession, l’Allemagne amorcerait un redressement progressif avec une légère croissance de son PIB en 2025 (+0,3%), tandis que la croissance serait plus vigoureuse en Italie (+0,6%), et surtout en Espagne (+2,7%).
La croissance ralentirait en France à 0,8% en 2025 (après +1,1% en 2024), essentiellement soutenue par quelques secteurs : tourisme, aéronautique, agriculture et marché immobilier.
Les moteurs de l’économie française en 2025 ne semblent pas pérennes
La demande intérieure devrait ralentir en 2025: la consommation des ménages ne redémarre pas (0,5%) et le taux d’épargne (dont le niveau est déjà très élevé, à 18,9% du revenu disponible brut fin juin 2025), "bat chaque trimestre un nouveau record à la hausse".
L’investissement des entreprises toujours en convalescence
L’investissement des entreprises redémarre moins vite en France que chez ses voisins européens, dans un contexte d’incertitudes sur l’environnement économique mondial et surtout sur la situation politique en France. La croissance, note l’Insee, "s’expliquerait comptablement par un fort mouvement de reconstitution de stocks, après deux années où les entreprises les avaient massivement sollicités".
L’Insee souligne qu’avec la chute du Gouvernement le 8 septembre, l’incertitude politique est revenue au premier plan. "Un regain d’attentisme n’est donc pas à exclure". Une instabilité politique et budgétaire qui a conduit l’agence Fitch à dégrader la note souveraine de la France le 12 septembre. Moody’s et Standard & Poor’s réviseront la note française respectivement le 24 octobre et le 28 novembre.
Synthèse par la Doc de Rexecode, accès ci-dessous.
> Pas de confiance, un peu de croissance
Insee- Note de conjoncture, 11 septembre 2025
Voir aussi cette semaine :
> ECB Staff macroeconomic projections for the Euro area
Banque centrale européenne, septembre 2025
> Perspectives mondiales à l'automne 2025 : L'économie mondiale face à un environnement commercial dégradé
Direction générale du Trésor – Trésor-Eco N°370, septembre 2025
> Projections macroéconomiques France
Banque de France, 15 septembre 2025 (en cours de publication)
Et du côté de Rexecode :
> Rexecode présentera ses perspectives de l’économie mondiale 2025-2026 le 17 septembre.
> Dans Economie française: touchée mais pas coulée (Lettre de Rexecode du 3 septembre), Anthony Morlet-Lavidalie fait un point de rentrée sur la conjoncture économique en France et souligne que les enquêtes de Rexecode, menées avec Bpi France auprès des TPE/PME et avec l’AFTE et le METI auprès des ETI et grandes entreprises, montrent que l’instabilité politique est perçue comme l’un des principaux freins à l’activité en 2025.
A noter : la parution de notre prochaine enquête AFTE est imminente.
> Denis Ferrand, dans Finances publiques: où est la cote d’alerte ? (Lettre de Rexecode, 3 septembre 2025), montre que les conditions de financement de la dette de l’Etat française se dégradent. L’effet boule de neige "ne peut que conduire à l’augmentation du poids de la dette publique sous l’effet de son simple roulement, ce qui n’était plus le cas depuis 2016".