Focus
Perspectives économiques à moyen terme
En amont du sommet Choose France, EY a publié son Baromètre annuel de l’attractivité de la France. Comme l’Europe dans son ensemble, la France a pâti de la concurrence des États-Unis en 2024. Elle conserve néanmoins son 1er rang en nombre d’investissements internationaux annoncés en Europe, notamment dans l’industrie, mais pour des projets relativement moins créateurs d’emplois. L’attractivité industrielle française est notamment pénalisée par les coûts salariaux et le manque de foncier.
Selon le Baromètre EY 2025 de l’attractivité de la France, notre pays conserve sa première place en Europe, avec 1025 projets d’implantation ou d’extension d’activité annoncés par des entreprises étrangères en 2024, devant le Royaume-Uni et l’Allemagne. Réalisé depuis 1997, ce baromètre s’appuie sur le recensement des projets d’investissements dans 45 pays européens et sur une enquête sur l'image de la France auprès de 200 décideurs internationaux.
EY souligne que les projets d’investissements étrangers (IDE) en Europe sont en baisse en 2024 pour la deuxième année consécutive (-5% en moyenne, -9% dans le secteur manufacturier) alors qu'ils ont progressé d’environ 20% aux États-Unis. Les projets annoncés par les investisseurs américains en Europe ont diminué de 11% en 2024 par rapport à 2023.
La France suit la même trajectoire mais reste, pour la sixième année consécutive, le pays européen où sont recensés le plus grand nombre de projets d’investissements internationaux. Une performance relativisée par sa 3ème place en nombre d’emplois créés (-27% de créations de postes générés par ces projets entre 2023 et 2024), derrière le Royaume-Uni et l’Espagne.
Les atouts structurels de la France (taille du marché, innovation, compétences, infrastructures et qualité de vie) se heurtent selon EY "aux impératifs du court terme (rentabilité, stabilité, énergie et moyens disponibles pour la transition écologique)".
Sur le plan industriel, la France conserve la première place européenne en 2024 pour le nombre d’implantations et extensions d’usines, mais là encore ces projets sont moins créateurs d’emplois et portent davantage sur l’extension de sites, contrairement à ses principaux concurrents. Le coût de la main d’œuvre demeure la principale faiblesse de la France en tant que destination industrielle demeure, devant notamment le coût du foncier.
> Nouveaux chocs, nouveaux défis pour la France et l'Europe - Baromètre EY de l'attractivité de la France 2025 - Episode 1
EY – Baromètre de l’attractivité de la France 2025, 15 mai 2025 (l’épisode 2 sera publié le 17 juin)
> Why Europe’s confidence persists despite investment at a nine-year low
EY – Baromètre de l’attractivité européenne 2025 - 15 mai 2025 (synthèse en ligne)
Quelques notes publiées par Rexecode sur ce sujet de l'attractivité:
> L’attractivité de la France comme lieu de production dans Rexecode, La compétitivité de la France en 2024, Document de travail, février 2025
Alors que la position de la France en matière d'emploi et de production dans l'industrie en zone euro parait stabilisée, le tassement des indicateurs d’attractivité doit alerter sur la solidité des acquis récents en matière de réindustrialisation. Dans cette section, Olivier Redoulès met en perspectives le baromètre EY avec les autres statistiques disponibles sur les IDE et revient sur le concept d’attractivité.
> L'attractivité de la France, récit ou réalité?
Chronique de Denis Ferrand dans Les Echos, avril 2025
Les présidences Biden et Trump ont déployé les grands moyens pour attirer les investissements étrangers aux Etats-Unis. La France affiche la même ambition et semble bien classée en matière d'attractivité en Europe, mais la réalité des choix politiques et des retombées économiques est plus modeste.
> Les coûts de la main-d'œuvre dans l'Union européenne au 4ème trimestre 2024
Rexecode, Indicateurs du coût de l'heure de travail en Europe, avril 2025
Selon les estimations Rexecode fondées sur les données d'enquête et les indices trimestriels d'Eurostat, le coût horaire du travail dans la zone euro s'élève à 38€ en moyenne dans les secteurs marchands au 4ème trimestre 2024. La France présente le 6ème coût le plus élevé de la zone euro avec 44€ de l'heure (le 5ème dans l'industrie manufacturière avec 47€).
> La surfiscalisation du travail qualifié en France
Rexecode, Documents de travail, janvier 2025
Au sein des grands pays de la zone euro, la France se distingue par le niveau élevé et la forte progressivité des prélèvements sur les rémunérations au delà de 1,4 SMIC. Cette surfiscalité augmente les coûts des secteurs employant essentiellement des travailleurs qualifiés comme ceux représentés par la Fédération Syntec et ces surcoûts affectent leurs clients dans l’ensemble de l’économie. Elle réduit l’offre de travail qualifié en rendant sa rémunération moins attractive pour les salariés
> Prélèvements sur l’industrie: l'alignement inachevé de la France sur la moyenne européenne
Rexecode, Repères de politique économique, octobre 2024
Les mesures adoptées depuis 2017 ont permis de remanier le poids et la structure des prélèvements sur l’industrie dans un sens plus favorables à sa compétitivité. En regard, les progrès en termes d'emplois et d'ouvertures d'usine sont réels quoiqu'encore modestes, la France restant mal positionnée en Europe en matière de prélèvements et de coût du travail. Il serait dangereux de remettre en cause l'amorce encore fragile de réindustrialisation par des retours en arrière.
Pour une nouvelle philosophie des politiques publiques de décarbonation
Rexecode, Repères de politique économique, mars 2025
La France dispose d’atouts majeurs pour développer des pans de l’industrie bas-carbone. Son mix électrique faiblement carboné, dominé par le nucléaire et les renouvelables, lui confère un avantage comparatif significatif pour attirer des industries nouvelles et développer l’industrie existante. Exploiter cette opportunité permettrait de diminuer les émissions importées et l’empreinte carbone de la France. Des stratégies de localisation industrielle sont à accélérer sur un certain nombre de technologies clés et les filières associées (hydrogène bascarbone, captage et séquestration du carbone, stockage de l’énergie, mobilité décarbonée, énergies renouvelables, datacenters bas-carbone…).