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Hausses de prix en France: diagnostic et perspectives

- Assemblée Nationale, Commission des Affaires économiques, novembre 2021

05/11/2021

Charles-Henri COLOMBIER

Invité par la Commission des Affaires économiques, Charles-Henri Colombier a livré son diagnostic sur la hausse actuelle des prix en France et ses conséquences. Certes amplifié par un effet de base, le taux d'inflation a bien augmenté, en grande partie en raison du coût de l'énergie. Si l’inflation énergétique devrait se calmer en 2022, celle sur les biens est devant nous et pèsera sur le pouvoir d'achat des ménages. A terme, ce prélèvement devrait tempérer la demande et générer les ingrédients d’une détente des prix, d’autant que les capacités de production ont été préservées.

• Hausse du taux d’inflation: davantage à un choc de prix prolongé qu’un véritable processus inflationniste.

Le chiffre de l’inflation en France est en partie gonflé par des effets de base liés à la crise du Covid en 2020 dont la correction ramène le taux d''inflation (IPCH) à 2,4% au lieu de 3,2% en octobre 2021. Le surcroît d’inflation est toutefois réel et provient essentiellement de la hausse des prix de l’énergie.

On notera que le cours du pétrole (Brent) prédit habituellement l’inflation énergétique, mais les prix du gaz et de l'électricité évoluent de plus en plus en autonomie. Sauf nouvelle envolée du Brent, l’inflation énergétique devrait se calmer en 2022 grâce à l’intervention des pouvoirs publics. L’inflation sur les biens est en revanche devant nous. Or elle provient surtout de biens importés et a de surcroit un impact négatif sur le pouvoir d’achat, les salaires ne suivant pas pour l’instant, ce qui évite l'enclenchement d'une boucle inflationniste.

• L'impact des hausses des prix énergétiques sur les ménages et les entreprises

Dans l’industrie, les achats de pétrole, de gaz et d’électricité représentent 27,7% de l’EBE (excédent brut d'exploitation) et sont donc loin d’être quantité négligeable. Papeterie, industrie du verre et métallurgie sont les branches les plus exposées.

Pour les ménages, si les prix du gaz et des carburants plafonnent à leur niveau actuel et si le prix de l’électricité est relevé en février selon la formule de calcul du tarif réglementé, l’énergie aurait une contribution au taux d’inflation de 0,9 point en 2021 et 0,7 point en 2022, contre 0,4 point en moyenne de 2016 à 2019. Le choc de prix énergétiques sur 2021-2022 exercerait donc un prélèvement de pouvoir d’achat de 0,8 point sur 2 ans par rapport à la tendance récente. Sur 3 ans en revanche, en prenant en compte la baisse de 2020, la contribution serait conforme à la tendance.

Un impact surtout défavorable aux ménages les moins aisés. D'une part, l’énergie représente 9,8% des dépenses des ménages du premier décile de niveau de vie, contre 6,8% de celles des ménages du dernier décile. D'autre part, le désendettement réel n’est valable que pour les ménages endettés, or seulement 23% des ménages du premier quartile le sont contre 68% de ceux du dernier quartile.

A terme, le prélèvement de pouvoir d’achat lié à l’inflation tempérerait la demande, avec à la clé une détente des prix, d’autant que les capacités de production ont été préservées malgré la crise.

• Des scénarios plus noirs sont possibles

Le risque ultime serait que des cercles vicieux où pénuries d’énergie et problèmes d’approvisionnement industriel s’alimentent mutuellement, ne génèrent une hausse prolongée des prix tout en pénalisant l’activité.

La double transition énergétique et numérique est de nature à générer des chocs de demande locaux sur certaines matières premières et biens intermédiaires, ce qui ne rend pas ce type de scénario complètement impossible, d'autant que le rôle central de la Chine dans la production de certains intrants pourrait être à l’origine de goulets d’étranglement durables.

Table ronde sur la hausse des prix et ses conséquences : le point de vue des économistes

Assemblée Nationale, Commission des affaires économiques, 3 novembre 2021

Avec la participation de :

- Charles-Henri Colombier, directeur du pôle Conjoncture et perspectives de Rexecode,

- Nathalie Dezeure, directrice de la recherche macroéconomique et financière de Natixis,

- Julien Pouget, chef du département de la conjoncture de l’Insee.

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