Focus
Perspectives économiques à court terme
La transition vers une économie décarbonée est enclenchée en France mais les gains d'efficacité, et surtout l'électrification des usages et la recomposition du mix énergétique, progressent encore trop lentement. Pour que les acteurs économiques puissent décider les investissements qui font la transition, la France doit se doter d'un cadre économique stable et prévisible, la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie, et arbitrer entre trois objectifs parfois contradictoires: sécurité des approvisionnements, décarbonation, et acceptabilité des prix pour les ménages comme pour les entreprises.
La politique énergétique française doit composer avec une double dynamique de fond: d’une part, une contraction de la consommation finale d’énergie permise par des gains d’efficacité supérieurs à la croissance économique et, d’autre part, une substitution des produits fossiles par l'électrification croissante des usages et le développement de nouvelles sources décarbonées. Ces dynamiques sont enclenchée mais à un rythme insuffisant, en particulier en ce qui concerne le remplacement des énergies fossiles.
Cette transformation impose une adaptation majeure de l’économie alors qu'elle se retrouve confrontée à un surcroit d’incertitude. Incertitude touchant l’équilibre entre l’offre et de la demande d’énergie tout d’abord. Incertitude en matière de coûts et de prix pour les consommateurs ensuite, entreprises ou ménages, avec des enjeux majeurs de compétitivité pour les premières et de pouvoir d’achat pour les seconds.
Face à des incertitudes fondamentales, l’élaboration d’une stratégie énergétique se heurte à des blocages politiques et économiques, et la décision publique est brouillée par la nécessité d’arbitrer constamment entre trois objectifs qui ne s’alignent pas toujours: la sécurité d’approvisionnement et la résilience, la décarbonation, et l’acceptabilité des prix.
Pour avancer, la France doit trouver une voie combinant une action nationale décisive et l’indispensable mais trop lente coordination européenne. Le principal levier de déblocage réside dans la capacité à adopter un cadre stable et aussi prévisible que possible, la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE), inscrite elle-même dans un ensemble cohérent de stratégies. C'est le seul moyen de réduire l'ampleur des incertitudes pour permettre aux acteurs économiques de décider les investissements qui font la transition.
Les dix repères détaillés dans la note:
1. La consommation finale d’énergie baisse tendanciellement
2. Des substitutions sont en cours au sein du mix de consommation mais à rythme insuffisant
3. Une électrification des usages à la peine qui met en difficulté le développement de l’offre
4. Gaz naturel : une molécule qui restera dans le mix en se décarbonant
5. Des orientations politiques claires et aussi stables que possible sont nécessaires
6. Facture d’énergie : des choix politiques aux coûts du système
7. Pour les entreprises : une compétitivité par le prix de l’énergie à renforcer pour réindustrialiser
8. Les ménages français, jusqu’ici relativement protégés par rapport à leurs voisins, devraient supporter une part plus importante des surcoûts de la transition
9. Un arbitrage entre trois objectifs contradictoires
10. Avancer à l’échelle nationale pour mieux peser au niveau européen