23/06/2010
Nous défendons depuis 18 mois un scénario d’évolution de l’économie mondiale en trois temps : rebond, convalescence, reprise. Ce scénario s’est amorcé comme prévu à la mi-2009. Nous le maintenons pour l’avenir. Nous entrons dans la convalescence. Elle sera longue.
Nos perspectives retiennent également un scénario d’ajustements sans heurts majeurs. La croissance mondiale retrouverait à partir de 2010 un rythme de l’ordre de 4 % l’an, de l’ordre de 2,5 % aux Etats-Unis, aux environs de 1,5 % en Europe. L’inflation resterait faible et stable. Les taux d’intervention des Banques centrales remonteraient lentement. Les taux de change suivraient un double mouvement, celui de l’appréciation pour les monnaies asiatiques et des fluctuations relatives des monnaies de réserve (dollar et euro) sur la durée du cycle réel. Ce scénario fait l’hypothèse que les risques d’instabilité, qui sont légion dans l’économie mondiale, seront jugulés.
La formation de déséquilibres globaux lors de la précédente phase de croissance, puis le creusement de déficits publics très importants lors de la phase de récession ont remis au centre des débats la thématique de la soutenabilité, au risque d’en faire trop et d’accumuler des obstacles à la croissance. La principale menace est qu’après avoir limité l’ampleur de la récession, les interventions publiques provoquent de nouveaux excès et de nouvelles oscillations. La question des politiques de sortie de crise est ainsi un défi majeur.
Cette question se pose pour les économies développées confrontées à un creusement inédit des déficits publics et à des politiques monétaires exceptionnellement accommodantes. Elle concerne également les économies émergentes et notamment la Chine où une grande partie de la croissance actuelle est due à des mesures de relance par nature temporaires. Il est possible que l’impulsion donnée par la politique économique replace durablement l’économie chinoise sur une trajectoire de croissance auto-entretenue. Mais il n’y a aussi aucun doute sur le fait que la croissance chinoise n’est pas soutenable dans son modèle actuel, ni sur le plan interne, ni sur le plan mondial.
L’instabilité s’est introduite récemment au sein même de la zone euro . Aux anciennes crises de changes entre monnaies des Etats européens s’est substituée une crise sur la dette des Etats. Face à la montée des périls, la gouvernance européenne a fait un bond en avant en quelques semaines : mise en place de moyens d’intervention considérables et réactions des politiques budgétaires. En outre, la baisse de l’euro est un mécanisme de rétablissement macroéconomique. Nous estimons que les scénarios d’éclatement de la zone ou de défaut de certains Etats resteront à l’état de fiction et que la baisse de l’euro constituera le point d’appui d’un soutien de la croissance européenne.