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Les émissions françaises de gaz à effet de serre d’ici 2030: impact de la récession et du plan de relance

- N.76, Janvier 2021

20/01/2021

Compte tenu de l'impact de la crise sanitaire sur les perspectives de croissance, les projections 2020-2030 d’émissions de gaz à effet de serre sont revues en baisse pour le monde, l’Union européenne et la France. Grâce à l’impact supplémentaire du plan de relance, la France pourrait atteindre en 2030 un niveau d'émissions proche de son objectif. Le poids de la France dans les émissions mondiales est cependant marginal et ces dernières continueront de s'éloigner des objectifs de l'accord de Paris.

Perspectives GES France 2030 (Rexecode)

Alors que la crise sanitaire infléchit la trajectoire de croissance, la relance prévoit d'investir davantage en faveur du climat en France

Nos prévisions d’émissions de gaz à effet de serre (GES) reposent sur un ensemble d'hypothèses qui paraissent raisonnables, et notamment :

Les perspectives de croissance, sensiblement plus basses qu'avant la crise sanitaire, entrainent une révision à la baisse des perspectives d’émissions, soit pour la France -29 millions de tonnes de CO2 à horizon 2030.

La tendance historique à une légère diminution de l’intensité énergétique du PIB d'une part et de l’intensité en gaz à effet de serre de l’énergie primaire consommée d'autre part, est prolongée au même rythme jusqu’en 2030.

L’impact supplémentaire attendu du plan de relance en France prend en compte l'intégralité des mesures dont l’objet principal est de réduire les GES et leur maintien durant la décennie 2020-2030. Il serait de -12 millions de tonnes de CO2 en 2030.

La trajectoire des émissions mondiales est très éloignée des objectifs 2030, quand celle de la France les rend atteignables

• Les émissions mondiales de gaz à effet de serre augmenteraient encore pour atteindre 55,6 milliards de tonnes de CO2en 2030, soit +13% par rapport 2019 au lieu de la baisse de 30% nécessaire pour atteindre l'objectif de l’Accord de Paris (35 milliards de tonnes).

Les émissions de l’Union européenne diminueraient à 2.717 millions de tonnes de CO2 en 2030 mais dépasseraient encore de 24% l’objectif fixé par le Conseil européen à 2.186 millions de tonnes (soit -55% par rapport à 1990).

• Les émissions françaises de gaz à effet de serre baisseraient à 315 millions de tonnes de CO2 en 2030, un chiffre proche de l’objectif de la Stratégie Nationale Bas Carbone, fixé à 310 millions de tonnes dans le décret du 23 avril 2020.

Des perspectives encourageantes pour la France mais qui ont leurs limites

• Les efforts français ont un impact marginal sur la trajectoire des émissions mondiales. Le poids des émissions de la France dans les émissions mondiales diminuerait de 0,9% à 0,6% en 2030. La baisse attendue des émissions françaises ne réduirait le niveau des émissions mondiales que de 2 pour 1000 en 2030 .

Si les émissions françaises baissent, l’empreinte carbone de la France augmente en raison des émissions importées par le biais des GES émis lors de la production et du transport des marchandises produites à l'étranger et consommées en France.

La baisse des émissions de la France est en partie liée à la désindustrialisation relative de son territoire. Les secteurs de l'industrie manufacturière et de la transformation de l’énergie ont contribué à 92% de la baisse des émissions de 1990 à 2019, ce qui ne peut s'expliquer par les seuls efforts d’adaptation des entreprises. Sur ce point, la question de la compétitivité et des mécanismes d’ajustements aux frontières et du contenu en carbone de nos importations est centrale.

• La France doit s’engager dans la construction d’une véritable "politique de l’offre" pour le climat. Une part importante de nos investissements devra viser le renforcement de nos capacités d’innovations technologiques et industrielles, non seulement pour assurer une production bas-carbone en France, mais aussi pour exporter ce savoir-faire.

Table des matières :

1. Les perspectives d’émissions de gaz à effet de serre pour le monde, l’Union européenne et la France : résultats et enseignements
1.1. L’accord de Paris et les objectifs de réduction des émissions
1.2. Les objectifs de la SNBC pour la France
1.3. Les hypothèses économiques 2020-2030 prises en compte
1.4. Les résultats des projections d’émissions pour 2030
1.5. Quelques enseignements des comparaisons

2. L’évolution tendancielle des émissions de la France (hors effet « additionnel » des mesures spécifiques du plan de relance)
2.1. Une diminution tendancielle des émissions
2.2. Les perspectives d’émissions tendancielles
2.3. Deux relations tendancielles entre les grandeurs économiques et les émissions de gaz à effet de serre
2.4. Les simulations tendancielles d’ici 2030

3. Evaluation de l’effet additionnel des mesures du plan de relance sur les émissions
3.1. Estimations de l’effet des principales mesures ayant un impact sur les émissions de gaz à effet
3.2. Synthèse des résultats obtenus

4. Discussion des résultats
4.1. Est-il légitime de prolonger les ratios énergie/PIB
et émissions/énergie du passé ?
4.2. Les mesures du plan de relance représentent-elles réellement une accélération de la tendance historique ?
4.3. L’affectation des crédits est-elle optimale ?

Conclusion et synthèse

Annexe 1 - Evaluation de l’impact des mesures spécifiques du plan de relance français sur les émissions de gaz à effet de serre en 2030 47
Annexe 2 - Une comparaison des crédits du plan de relance et de la tendance antérieure
Références bibliographiques

Actualités

Etudes pour le débat public