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Liquidité ou solvabilité des entreprises, ne pas se tromper de contrainte

- Les Echos, 29 mars 2021

29/03/2021

Un an après le déclenchement de la crise de la Covid 19, la situation des entreprises est paradoxale. Tout d’abord, le nombre de procédures judiciaires les concernant n’a jamais été aussi faible en dépit d'un plongeon de l’activité inédit dans sa brutalité et son ampleur. Ensuite, selon nos enquêtes, les chefs des petites comme des grandes entreprises jugent le niveau de leur trésorerie plutôt confortable alors que, pour la première fois depuis 1985, le résultat net d’amortissement pour leur activité en France sera négatif en 2020.

rance - Résultats des sociétés non financières avant distribution de dividende et après amortissements économiques

Le nombre de procédures judiciaires est au plus bas, malgré le plongeon de l’activité en 2020.

Ce premier paradoxe est facilement explicable: il tient à la mise en sommeil des activités des tribunaux de commerce à partir du premier confinement et au faible nombre d’assignations prononcées par les URSSAF. Il tient aussi à ce que les défauts de paiement des entreprises, qui sont très souvent les événements déclencheurs des procédures de redressement, ont été jugulés par le déversement de liquidités au moyen d’emprunts sous différentes formes (PGE, bancaire, obligataire, report d’échéances fiscales et sociales…).

Le patrimoine liquide des entreprises, leur cash disponible, s’est accru de 180 milliards € en un an.

Il représente désormais 71% de leur valeur ajoutée contre 54% un an plus tôt. La liquidité des entreprises a été préservée ; elles ont ainsi pu faire face à leurs échéances et éviter de couper trop violemment dans leurs effectifs ou leurs dépenses, d’investissement notamment. D’une certaine manière, les enseignements de la crise financière de 2008-09 ont été retenus. Des dispositifs tels que la SFEF (Société de Financement de l’Economie Française) avaient été mis en place pour assurer la liquidité d’un marché interbancaire alors gelé, en contrepartie d’un engagement de financement de l’économie.

La crise actuelle n’est pas une crise de liquidité, ou plutôt ne l’est plus,
mais devient une crise de profitabilité et de solvabilité.

Ce sont les raisons mêmes qui ont permis d’éviter une crise généralisée de liquidité qui accentuent les craintes sur la solvabilité des entreprises. Certes, il est probable que si l’activité renoue en 2022 avec le niveau d'avant pandémie, les résultats feront de même. Mais le trou de l’année 2020 ne sera pas comblé.

Or, la fonction première des résultats d’une entreprise est d’abonder ses fonds propres. Interrogés à ce sujet en février 2020 par BPI France et Rexecode, les dirigeants de PME / TPE indiquaient ainsi à une écrasante majorité que l’augmentation de leurs fonds propres provenaient de la remontée des résultats réalisés dans le bilan. C’est une année pleine de résultats qui ne remontera pas dans les bilans tandis que le niveau d’endettement aura en revanche bondi, déformant le ratio dette sur fonds propres. Or ce ratio est attentivement scruté au moment de financer les projets de développement des entreprises.

Si l'accès sans restriction à la liquidité était adaptée à la première phase aiguë de la crise, il faut désormais déployer des projets de développement rentables et durables dans toutes les acceptions du terme. Un déploiement qui passe par de l’engagement d’un haut de bilan qui est désormais à consolider.

L'article original de Denis Ferrand est disponible sur le site des Echos :

Liquidité ou solvabilité des entreprises, ne pas se tromper de contrainte
Les Echos, 29 mars 2021

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