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Compétitivité et concurrence : l’Europe repense sa stratégie industrielle (Centre européen de stratégie politique)

EU Industrial Policy After Siemens-Alstom - Centre européen de stratégie politique, 18 mars 2019

19/03/2019

Le Centre européen de stratégie politique de la Commission européenne examine l'urgence pour la politique industrielle européenne de trouver un nouvel équilibre entre ouverture et protection. Dans un contexte de montée en puissance de la Chine et de révolution technologique, l’enjeu est de reconsidérer sans naïveté les conditions de concurrence au niveau mondial et de mieux coopérer à l'échelle européenne.

La décision rendue le 6 février 2019 par la Commission européenne d'interdire l'acquisition d'Alstom par Siemens a alimenté le débat sur la stratégie industrielle européenne. Le sentiment qui domine est d'une part que son ouverture dessert l'Europe, ses concurrents (Chine en tête) ne jouant pas selon les mêmes règles du jeu, et d'autre part, que l'industrie européenne est insuffisamment préparée à la numérisation et à la montée de la concurrence.

Dans ce contexte, le Centre européen de stratégie politique, un organe de réflexion de la Commission européenne, examine comment atteindre un équilibre entre l'ouverture et la protection de l’industrie européenne. Il examine un ensemble d'options en matière de politique commerciale et d'accès aux marchés internationaux d'une part, de politique en faveur de l'industrie et de l’innovation, d'autre part.

Dans le cas Alstom-Siemens, le rapport estime que la politique de concurrence européenne ne doit pas servir de bouc-émissaire : elle ne contrarie pas la naissance de champions européens, validant d'ailleurs la plupart des fusions.

Les subventions publiques que reçoivent les entreprises chinoises biaisent la concurrence sur le marché mondial. Les investissements chinois dans l’UE se sont multipliés ces dernières années, presque toujours sous la forme de fusions & acquisitions et souvent grâce au soutien de l’Etat chinois. A l’inverse, des restrictions imposées aux investissements étrangers en Chine ont empêché des prises de contrôle étrangères en Chine.

Les pays européens souffrent d'abord d'un problème d'échelle et doivent miser sur l'échelle européenne pour faire jeu égal avec leurs concurrents américains et chinois.

Une fois qu’une entreprise européenne est acquise par une entreprise chinoise, sa chaîne d’approvisionnement se transforme fréquemment au bénéfice de fournisseurs chinois, ce qui représente "une menace redoutable pour les chaines de valeur stratégiques européennes".

La Chine est également très active en termes d’élaboration de normes chinoises et de leur promotion à l’étranger, certaines entreprises chinoises (par ex. Huawei) bénéficiant du statut de membre à part entière dans certains organismes de normalisation européens grâce à des filiales européennes.

Le CESP encourage donc une ouverture européenne "à double sens" et une stratégie "beaucoup moins naïve face à la concurrence déloyale d’autres pays". La nouvelle politique pourrait s'articuler autour de 4 initiatives : relancer le marché unique ; financer l'innovation à l'échelle européenne ; "exporter" les règles et standards européens ; revoir la notion de "champions" au-delà des limites de l'entreprise (partenariats) et avoir une diplomatie commune.

EU Industrial Policy After Siemens-Alstom. Finding a New Balance Between Openness and Protection
Commission européenne, European Political Strategy Centre, 18 mars 2019

Voir aussi :

Foreign direct investment in the EU : Following up on the Commission Communication"Welcoming Foreign Direct Investment while Protecting Essential Interests" of 13 September 2017
Commission européenne, Staff Working Document, N.108, mars 2019

Ce rapport dresse un panorama détaillé des investissements directs étrangers dans l'UE et présente notamment des données inédites au niveau des entreprises. Il identifie un certain nombre de mutations dans la structure des IDE sur une décennie, dont l'apparition de nouveaux investisseurs (Chine, Inde) qui restent minoritaires par rapport aux investisseurs étrangers traditionnels, et la hausse rapide des investissements effectués par des entreprises publiques (ceux en provenance de la Chine, de la Russie et des Emirats arabes unis ont triplé). Le jour de la publication de ce rapport, le Conseil de l'UE a approuvé le nouveau cadre visant à filtrer les investissements directs étrangers entrant dans l'Union européenne.

L'Union européenne va-t-elle se laisser acheter ? Principaux enjeux liés à l’adoption d’un cadre pour le filtrage des IDE dans l’UE
IFRI, Eric-André MARTIN, mars 2019

En 2016, les flux d’investissements directs étrangers chinois dans l’Union européenne ont atteint un niveau record, qui contraste avec la baisse continue des flux d’IDE de l’UE vers la Chine. La Chine cible particulièrement les technologies de pointe dans les grandes économies européennes. L’étude conclut que l’adoption d’une réglementation européenne relative au filtrage des IDE représente un enjeu majeur pour la préservation de la prospérité et la compétitivité de l’Union européenne, de la sécurisation de ses chaînes de valeur, de son capital technologique et industriel, tout en continuant à offrir un cadre attractif aux capitaux étrangers.

National Industrial Strategy 2030 Strategic guidelines for a German and European industrial policy
Bundesministerium für Wirtschaft und Energie, Peter Altmaier, février 2019

Le ministre de l’économie allemand présente dans ce document des pistes pour une nouvelle stratégie industrielle allemande et européenne face à la concurrence internationale.

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