Espace adhrent
Page d'accueil > Analyses et prévisions > Veille documentaire > Document de la semaine > La fiscalité, principal facteur de la désindustrialisation française (France Stratégie)

La fiscalité, principal facteur de la désindustrialisation française (France Stratégie)

Les politiques industrielles en France - Évolutions et comparaisons internationales - France Stratégie, 19 novembre 2020

23/11/2020

La France est l’un des pays les plus désindustrialisés du G7. France Stratégie dresse un diagnostic de cette désindustrialisation et compare les outils et les moyens financiers de la politique industrielle française à ceux des autres grands pays avancés. La fiscalité est désignée comme le facteur principal du défaut d’attractivité du site France, et en particulier les impôts de production.

Selon France Stratégie, si la désindustrialisation est un mécanisme structurel qui touche toutes les économies avancées, la France est le pays qui l’a subie le plus durement durant les dernières décennies, avec le Royaume-Uni.

• La part de l’industrie dans le PIB français a reculé de 10 points pour s’établir à 13,4 % en 2018, contre 25,5 % en Allemagne, 19,7 % en Italie, ou encore 16,1 % en Espagne.

• Les grandes entreprises françaises sont devenues "les championnes de la délocalisation". L’emploi des filiales industrielles à l’étranger des groupes français correspond en 2017 à 62% de l’emploi dans le secteur industriel en France, contre 52% au Royaume-Uni, 38% en Allemagne et 10% en Espagne.

Les auteurs du rapport établissent un recensement exhaustif des moyens financiers de la politique industrielle française pour l’année 2019, sur la base de chiffrages originaux. Les interventions économiques en faveur des entreprises sont recensées à partir de sources budgétaires et extrabudgétaires. L’estimation du total des interventions est opérée en adoptant quatre périmètres : elle s’élève à 223 Mds d’euros selon le périmètre le plus large et 139 Mds selon le périmètre le plus restreint.

• Au total, environ 12% des interventions financières publiques en faveur des entreprises ont bénéficié à l’industrie en 2019, soit "une part d’aides inférieure à son poids dans la valeur ajoutée (VA) du secteur marchand".

• Les aides indirectes en faveur de la compétitivité par la réduction du coût du travail et pour stimuler l’emploi représentent à elles seules 41,3% du total des interventions en faveur de l’industrie. Sur 100 euros d’aides aux entreprises du secteur industriel, 40 euros sont des aides à l’emploi et à la formation (allègements de charges et CICE), 25 euros sont des aides à la R&D et à l’innovation (notamment crédit d’impôt recherche), 10 euros sont des réductions ou des exonérations de la TICPE et 6 euros des participations et prêts bonifiés.

• La politique industrielle repose aussi davantage aujourd’hui sur des instruments non financiers et plus indirects : attraction et contrôle des investissements étrangers, réglementation, droit de la propriété industrielle, marchés publics, normalisation et certification, "État stratège" (Comités stratégiques de filières, plan Industrie du futur).

Selon France Stratégie le déclin industriel de la France résulte de la dégradation de la compétitivité-coût de l’industrie française dans les années 2000, particulièrement marquée vis-à-vis de l’Allemagne - en comptant les prélèvements obligatoires, la différence des niveaux de taxation avec l’Allemagne s’élève à 10,7 points de la VA du secteur. Face à la dégradation de sa compétitivité-coût, la France a fait le choix, plutôt que d’une montée en gamme, de délocaliser.

Cette dégradation de la compétitivité-coût de l’industrie française s’explique par :

• un taux de prélèvements obligatoires (28% de la VA brute) supérieur à celui des autres secteurs (24%), pourtant moins exposés à la concurrence internationale.

• en particulier, une fiscalité élevée sur les facteurs de production, pesant particulièrement sur le secteur manufacturier : il représente 15,4% de la VA brute du secteur marchand, mais contribue en 2019 pour plus de 23% au paiement des impôts de production.

• l’augmentation "conséquente" du coût du travail indirect (+35% entre 2000 et 2016, contre +5% dans les secteurs exposés) contenu dans les consommations intermédiaires (composants) et les services (gardiennage, comptabilité, ingénierie…) achetés par l’industrie auprès de ses fournisseurs français.

• En revanche la hausse des salaires, similaire à la moyenne des pays de la zone euro, n’est pas en cause dans la dégradation de la compétitivité-coût de la France. L’écart de coûts salariaux unitaires avec l’Allemagne s’est ainsi fortement atténué dans les années 2010 (-5 points dans l’industrie entre 2008 et 2019).

Synthèse réalisée par la Documentation de Rexecode, voir ci-dessous la référence du document

Les politiques industrielles en France - Évolutions et comparaisons internationales

France Stratégie - Vincent AUSSILLOUX, Philippe FROCRAIN, Mohamed HARFI, Rémi LALLEMENT, Guilhem TABARLY, 19 novembre 2020

Actualités

Etudes pour le débat public