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L’OCDE s’inquiète de la fragilisation des classes moyennes

Sous pression: la classe moyenne en perte de vitesse – Ocde, avril 2019

15/04/2019

L’Ocde examine les multiples pressions exercées sur la classe moyenne ces dernières décennies. Même si les disparités sont importantes entre les pays membres, la classe moyenne s'est rétrécie presque partout ces 30 dernières années et les revenus intermédiaires ont eu tendance à stagner alors qu'un ensemble de dépenses contraintes progressaient plus vite que l'inflation : une situation porteuse de risques socioéconomiques et politiques.

L’Ocde a analysé l'évolution sur trois décennies de la situation des ménages à revenu intermédiaire au regard de divers indicateurs sociaux et économiques : emploi, consommation, patrimoine et dette, ainsi que les perceptions et les attitudes sociales.

La "classe moyenne" (les ménages gagnant entre 75% et 200% du revenu médian) a vu sa part reculer de 64% en 1985 à 61% des ménages en 2015 en moyenne dans les pays de l’Ocde. La France est avec l’Irlande le seul pays de l’Ocde qui a vu le poids de sa classe moyenne progresser depuis 1985 (68% de la population). En 2015, la part de la classe moyenne varie fortement, de 50% environ aux Etats-Unis ou au Mexique à environ 70% dans les pays nordiques.

Les classes moyennes "sous pression", selon l’Ocde :

• Leurs revenus ont à peine progressé, tant en termes relatifs qu’absolus dans la plupart des pays. Ces 10 dernières années, la croissance du revenu médian a été moindre d’un tiers par rapport au revenu moyen des 10% les plus riches.

• Les dépenses de logement, de santé et d'éducation ont augmenté rapidement. Le coût du logement a progressé trois fois plus vite que le revenu médian sur les trois dernières décennies. Les situations sont variables selon les pays : en France, si le coût du logement pénalise le budget des classes moyennes, les dépenses de santé ou d’éducation n’ont pas augmenté plus vite que leurs revenus.

• Les classes moyennes sont très exposées aux transformations du marché du travail et à l'insécurité de l'emploi. La technologie a conduit et conduira à l'automatisation de certains emplois moyennement qualifiés (1 sur 6 sera concerné) qui étaient occupés par des ouvriers ou employés de la classe moyenne.

• Un niveau de compétences plus élevé est désormais nécessaire pour faire partie de la catégorie des travailleurs à revenus intermédiaires : près de la moitié occupent aujourd’hui des emplois hautement qualifiés, comparativement à un tiers il y a 20 ans.

Les classes moyennes ont vu leur capacité d'épargne se réduire et se sont souvent endettées pour maintenir leur niveau de vie. Le risque de basculement dans la catégorie des revenus inférieurs s’est accentué. Et les chances de faire partie de la classe moyenne "ont diminué pour les jeunes et les personnes peu ou moyennement qualifiées".

Or, selon l’Ocde, une classe moyenne forte est un facteur de prospérité économique (stimulation de la consommation et des investissements dans l’éducation, la santé et le logement, financement de la protection sociale par leurs impôts), de stabilité politique et de confiance sociale. Par conséquent, les sentiments d’injustice, de perte de pouvoir d’achat et de perspectives incertaines de la classe moyenne alimentent les risques socioéconomiques et politiques. D’où la nécessité de protéger leur niveau de vie, en particulier celui des personnes à revenu intermédiaire inférieur.

Under Pressure: The Squeezed Middle Class
OCDE, avril 2019

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