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Guerre Russie/Ukraine: réduire la dépendance au gaz russe, un enjeu stratégique pour la souveraineté européenne, des propositions de l’AIE et de Allianz/Euler

Allianz/Euler Hermes – Agence internationale de l’énergie, 3 mars 2022

08/03/2022

La forte dépendance de l'Europe au gaz russe a été brutalement mise en lumière par l’offensive russe en Ukraine. Les économistes d’Euler Hermes/Allianz évaluent les efforts que les pays de l’UE devraient fournir à court et moyen terme pour diminuer la consommation de gaz pour la production d’électricité et compenser la perte des importations de gaz russe. L’AIE propose une série de mesures susceptibles de réduire les importations de gaz en provenance de Russie de plus d'un tiers d'ici fin 2022.

Note gaz Allianz - Eurler mars 2022

Les importations de gaz en provenance de Russie représentaient 36% de l'approvisionnement total en gaz de l'Union européenne en 2019, selon une note publiée le 3 mars par les économistes d’Euler Hermes et Allianz. La dépendance au gaz russe est cependant très variable selon les pays. Il couvre ainsi plus de 20% de la consommation finale d'énergie en Hongrie (33%), en Slovaquie, en Tchéquie et en Lettonie. L’Allemagne (19%) et l’Italie (17%) sont également exposées, moins la France (4%).

L'UE disposerait d’une réserve d'approvisionnement suffisante jusqu’à fin mars. En cas de coupure du gaz russe, le prix du gaz naturel pourrait culminer à 200€/MWh dans les mois à venir, et ralentir au printemps, ce qui pourrait amener les prix moyens pour 2022 à environ 150€/MWh. Mais l’UE doit aussi reconstituer ses stocks avant l'hiver prochain. En cas d’embargo, à l’initiative de la Russie ou de l’Europe, c’est environ 5600 pétajoules (PJ) de gaz russe qu’il faudra remplacer, en tenant compte des quantités nécessaires à la reconstitution des stocks.

Changer de fournisseur n'étant ni aisé ni suffisant à court terme, la note examine l’option d'une baisse de l’utilisation du gaz pour la production d’électricité (soit 19,6% de l'électricité en 2019, 22,5% en incluant la production de chaleur, 4388 PJ). Le cas du Japon (passage de 27% à 0% d’énergie nucléaire entre 2010 et 2012 après la catastrophe de Fukushima) montre que la transition est coûteuse mais que les coupures massives de courant redoutées ont été évitées. Les coûts de production d'électricité ont augmenté de +41%, la demande de l'électricité a chuté d'environ -7% et l'approvisionnement en électricité d'origine non nucléaire a augmenté d'environ +19%.

Une baisse drastique du gaz dans le mix électrique européen serait difficile et appellerait des compensations entre pays. Limitée à -27% dans chaque Etat membre, elle laisserait 28% en moyenne de la capacité des centrales électriques à gaz en service. La hausse du prix de l’électricité devrait être de 41% par rapport à 2019 et être perçue comme durable pour une diminution de 8% de la demande et une hausse de 8% du recours à des substituts au gaz. Le prix du gaz augmenterait de 97% (-10% de demande et +10% d'offre des énergies alternatives). La quasi élimination du gaz du mix électrique exigerait une hausse durable de 56% du prix de l'électricité qui induirait une baisse de -11,2% de la demande d'électricité totale et une hausse de +11,2% de l'offre hors gaz.

Aussi, pour assurer à moyen terme la souveraineté énergétique de l’UE, une politique énergétique coordonnée et ambitieuse est nécessaire, avec une augmentation de la production d'énergie renouvelable ("option la moins chère") dans l'UE de 1 exajoule (278 TWh) par an d’ici à 2030, ce qui représente un investissement annuel de 170 Mds€ (1,3% du PIB de l'UE).

Synthèse réalisée par le service Documentation de Rexecode, lien ci-dessous pour accéder au document.

Can Europe do without Russian gas?
ALLIANZ - EULER HERMES, 3 mars 2022

 

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) propose une série de mesures pour réduire les importations de gaz en provenance de Russie de plus d'un tiers d'ici fin 2022.

Ce plan en 10 points combine des approvisionnements alternatifs, un développement accéléré du renouvelable et des mesures d'économie et d'efficacité énergétiques. Ce plan est cohérent avec les objectifs climatiques de l'UE et s'approche des objectifs de la feuille de route zéro émission nette d'ici 2050 de l'AIE dans laquelle l'UE peut se passer du gaz russe avant 2030. Ces estimations tiennent compte de la nécessaire reconstitution des stocks qui ont atteint un niveau particulièrement bas.

La note suggère des options supplémentaires pour faire baisser les importations de plus de la moitié, à titre temporaire vu leurs effets sur les gaz à effet de serre: recours accru au charbon, ou à des carburants alternatifs et notamment liquides dans les centrales électriques au gaz existantes (possible dans 1/4 d'entre elles).

A 10-Point Plan to Reduce the European Union’s Reliance on Russian Natural Gas
AGENCE INTERNATIONALE DE L'ENERGIE, 3 mars 2022

 

Dernière minute: la COMMISSION EUROPEENNE a présenté ce 8 mars, EPowerEU: action européenne conjointe en faveur d'une énergie plus abordable, plus sûre et plus durable . "Une ébauche de plan visant à rendre l'Europe indépendante des combustibles fossiles russes bien avant 2030".

 

Voir aussi :

Russia's war on Ukraine: Implications for EU energy supply
EUROPEAN PARLIAMENTARY RESEARCH SERVICE - Briefing, mars 2022

Preparing for the first winter without Russian gas
BRUEGEL blog, 28 février 2022

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