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Dette : l’optimisme prudent du 24ème Rapport de Genève sur l’économie mondiale (CEPR/ICMB)

Debt: The eye of the storm – Geneva Reports on the World Economy - CEPR / ICMB, 9 février 2022

15/02/2022

La pandémie de Covid-19 a provoqué une hausse rapide de la dette mondiale, alors qu’elle atteignait déjà des niveaux historiquement élevés. Le 24ème Rapport de Genève (CEPR/ICMB) analyse les risques liés à la dette publique, à l’endettement des ménages et des entreprises, avec une attention particulière à la situation chinoise. Malgré la persistance de vulnérabilités et d’incertitudes importantes, le rapport reste prudemment optimiste, concluant que "la dette ne doit pas être ignorée, mais il ne faut pas non plus la craindre".

Geneva Report

La plupart des pays ont accumulé des niveaux de dette publique inédits depuis la seconde guerre mondiale pour faire face à la pandémie de Covid-19. Le secteur privé (entreprises et ménages), a aussi globalement atteint des niveaux historiques d’endettement. Mais la dette, publique comme privée, était déjà élevée avant la pandémie.

Selon le 24ème Rapport de Genève * sur l'économie mondiale (CEPR / ICMB), la hausse de l’endettement au cours des quatre dernières décennies est la conséquence de l’abondance de l’épargne par rapport à l’investissement, qui a fait baisser les taux d’intérêt, élevé les prix des actifs et encouragé les ménages, les entreprises et les pays à emprunter davantage. Ce niveau d'endettement sans précédent comporte des risques que les auteurs évaluent pour chaque type de dette, dans les pays développés et émergents.

• Risques liés à la dette publique

La dette publique est passée d’environ 40% du PIB au début des années 1980 à plus de 100% aujourd’hui, mais avec un coût quasiment identique, grâce à des taux d’intérêt historiquement bas. Malgré les défis à venir pour la soutenabilité budgétaire (vieillissement, transition numérique et écologique, inégalités), la situation dans les économies avancées serait gérable sous condition: des taux d’intérêt bas, une croissance durable et un assainissement efficace des finances publiques. En outre, à l’heure actuelle, les niveaux élevés de dette publique ne semblent pas source de pressions inflationnistes.

• Risques liés à l'endettement des ménages

Dans les pays avancés, avec des prix des actifs très élevés, les indicateurs de richesse nette des ménages semblent en moyenne solides. Dans la mesure ou il s’agit pas d’un boom alimenté par le crédit, il est peu probable que la hausse des prix de l'immobilier soit une source majeure de risque systémique à court terme. En revanche, la dette des ménages dans les économies émergentes se situe désormais aux niveaux observés dans les économies avancées au début des années 2000. Une tendance à surveiller, les envolées des dettes des ménages pouvant être associées à des crises financières et des récessions plus profondes et plus longues.

• Risques liés à l'endettement des entreprises

Au cours des dix dernières années, la dette des entreprises a augmenté de 60% dans les économies avancées par rapport à son niveau de 2008 (contre 20% dans les économies émergentes). Mais les auteurs estiment les craintes de zombification des entreprises dans les économies avancées "probablement exagérées". Tant que les outils (législation sur les faillites ou la restructuration de la dette) pour traiter les entreprises surendettées fonctionnent, les répercussions sur la croissance économique ne seraient pas préoccupantes.

• La dette chinoise, un risque particulier

En Chine, le niveau de la dette totale (gouvernement, entreprises et ménages) a doublé depuis la crise financière de 2008, atteignant 290% du PIB en 2020. Au cours de la dernière décennie, la hausse du crédit a atteint des niveaux historiques. Le boom immobilier pourrait se transformer en une crise immobilière (Evergrande, Kasia Group, China Fortune Land), avec des effets d’entrainement sur d’autres pays. Pour autant, une crise financière incontrôlée semble évitable. Notamment parce que la majeure partie de la dette chinoise est détenue par des créanciers nationaux, et qu’une grande partie de la dette réside dans le secteur public (environ 60% de la dette des entreprises est due par des entreprises publiques).

En conclusion, les auteurs ne sont pas pessimistes outre mesure. "Tant que les taux d'intérêt restent bas, des niveaux d'endettement plus élevés semblent soutenables". Ils soulignent néanmoins que, le retournement du cycle des taux d'intérêt mondiaux semblant imminent, les risques les plus importants se concentrent dans les économies émergentes, et notamment en Chine.

Synthèse réalisée par la Documentation de Rexecode. Suivre le lien ci-dessous pour accéder au document.

 

Debt: The Eye of the Storm
CEPR-ICMB - Laurence BOONE, Joachim FELS, Oscar JORDA, Moritz SCHULARICK, Alan M. TAYLOR - Geneva
Reports on the World Economy N°24, CEPR Press, 9 février 2022

*Les Rapports de Genève sur l'économie mondiale sont publiés chaque année par le Centre for Economic Policy Research (CEPR) et l’International Center for Monetary and Banking Studies (ICMB). Des économistes de renom y analysent depuis 1999 des questions importantes pour l'économie et la finance mondiales. Ce 24ème rapport a été produit à la suite de la Conférence de Genève sur l'économie mondiale qui s'est tenue en octobre 2021.

Dernière minute :

Word development report 2022: Finance for an equitable recovery
BANQUE MONDIALE, 15 février 2022

Dans son rapport annuel consacré au développement économique des pays en développement et émergents la Banque Mondiale souligne que les pays en développement sont confrontés à des risques croissants liés à la précarité financière engendrée par la crise sanitaire et à l’absence de transparence dans les données sur la dette. Ils doivent assainir leur secteur financier alors que les poussées inflationnistes et les hausses de taux d’intérêt posent de nouveaux défis pour la reprise économique.

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