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Covid-19 : des millions d’entreprises et d’emplois menacés dans le monde selon l'Organisation Internationale du Travail

Observatoire de l’OIT: le COVID-19 et le monde du travail, N.3 , 29 avril 2020

11/05/2020

L’Organisation internationale du Travail ausculte le monde du travail dans le contexte de pandémie de coronavirus. Ses prévisions de pertes d’emploi au deuxième trimestre sont revues à la hausse en raison du durcissement des mesures de confinement. Quelque 436 millions d’entreprises seraient "en danger".

L’Organisation international du Travail (OIT) a mis à jour son évaluation de l’impact de la pandémie de coronavirus sur l’emploi et les travailleurs au niveau mondial et par grandes zones géographiques.

Avec son modèle de prévision immédiate, l'OIT calcule les pertes d’heures de travail dans le monde par rapport à la situation d’avant la crise (4ème trimestre 2019). Les heures travaillées ont diminué au 1er trimestre 2020 d’environ 4,5% (ce qui équivaut à environ 130 millions d’emplois à plein temps, sur la base d’une durée hebdomadaire de travail de 48 heures). Cette perte atteindrait -10,5% au 2ème trimestre (305 millions d’emplois à plein temps). Cette nette détérioration par rapport à la précédente estimation du 7 avril (195 millions d’emplois), est due principalement à la prolongation et à l’extension des mesures de confinement.

Si la situation s’est aggravée pour toutes les grandes zones, les plus touchées sont les Amériques (-12,4% d’heures de travail) et l’Europe (-11,8%). Les pays à revenu intermédiaire inférieur sont les plus touchés (12,5% d’heures perdues).

L’OIT évalue l’impact du Covid-19 sur les entreprises, au vu des données économiques et financières en temps réel permettant d’identifier les secteurs les plus affectés par le confinement. L’analyse prend aussi en compte le statut dans l’emploi et les proportions relatives d’emploi dans les petites entreprises.

En incluant les employeurs et les travailleurs indépendants, l’OIT estime qu’environ 436 millions d’entreprises dans le monde opèrent dans les secteurs les plus touchés (industrie, hôtellerie-restauration, immobilier et commerce). Plus de la moitié d’entre elles (environ 232 millions) se trouvent dans le commerce de gros et de détail et 111 millions dans l’industrie manufacturière.

Or certains de ces secteurs sont largement constitués de très petites entreprises menacées de faillite. Les travailleurs indépendants et les microentreprises représentent ainsi environ 70% de l’emploi total dans le commerce de détail et près de 60% dans l’hébergement-restauration. Or ces petites entreprises ont souvent des difficultés d’accès au crédit, peu d’actifs et "sont les moins susceptibles de bénéficier des mesures fiscales générales et des plans de relance".

Observatoire de l’OIT: le COVID-19 et le monde du travail. Estimations actualisées et analyses
Organisation Internationale du travail, N.3, 29 avril 2020

Voir aussi sur cette question de l'emploi :

European Economic Forecast: a deep and uneven recession, an uncertain recovery
Commission Européenne, 6 mai 2020

Selon les prévisions économiques de printemps de la Commission Européenne, la pandémie de Covid-19 aura "de graves conséquences sur le marché du travail" en dépit des mesures de chômage partiel et de soutien aux entreprises. Le taux de chômage augmenterait en zone euro, passant de 7,5% en 2019 à 9,6% en 2020, avant de retomber à 8,6% en 2021 (6,7% , 9,0 % et 7,9 % respectivement pour l'ensemble de l'UE). Cette moyenne recouvre de fortes disparités: les pays comptant une part élevée de contrats courts sont particulièrement vulnérables, comme ceux où le tourisme emploie une forte part de la main d’oeuvre (7,5% de l’emploi en 2018 en France, 10,0% en Grèce, 13,5% en Espagne). En France, le chômage atteindrait 10,1% en 2020 et 9,7% en 2021, contre 8,5% en 2019.

Point de conjoncture du 7 mai 2020
INSEE, 7 mai 2020

La publication de l'estimation flash de l’emploi salarié privé au premier trimestre 2020 permet d''estimer la chute de l’emploi salarié privé à -2,3 %, soit plus de 450.000 destructions nettes d’emploi en un trimestre, dont près de 300.000 emplois intérimaires.

Évaluation au 6 mai 2020 de l’impact économique de la pandémie de COVID-19 et des mesures de confinement sur le marché du travail en France
OFCE, Bruno DUCOUDRE et Pierre MADEC, Policy Brief, 6 mai 2020

La fermeture administrative des commerces non essentiels a affecté directement 1,8 million de salariés et 330.000 indépendants tandis que 3,2 millions de salariés subiront les effets de la chute de l'activité. Au 11 mai, jour 1 du déconfinement, 6,6 millions de salariés seraient en chômage partiel. Au total, le chômage augmenterait de 2,1 points sur la période du confinement qui résulterait pour plus de la moitié d'un ajustement des contrats courts (CDD, intérim).

US and UK Labour Markets Before and During the Covid-19 Crash
National Institute Economic Review, David N.F BELL, David BLANCHFLOWER, mai 2020

Les auteurs comparent la performance des marchés du travail aux États-Unis et au Royaume-Uni depuis les années 2000. L'examen des changements survenus pendant la crise du Covid-19 depuis début mars 2020 montre un effondrement beaucoup plus rapide et plus profond que lors de la Grande Récession.

Dernière minute :

 

Point sur la conjoncture française à fin avril 2020
Banque de France, 12 mai 2020

La Banque de France estime que l'activité économique en France a plongé de 27% au mois d'avril en raison du confinement pour lutter contre le coronavirus (par rapport au niveau qui aurait été atteint si elle avait continué à croître à hauteur du 0,1% de croissance au 1er trimestre estimé début mars). "Avec un mois plein de confinement en avril, l'activité économique a atteint un niveau particulièrement bas",avec un taux d'utilisation des capacités de production dans l'industrieà 46% en avril (après 77% en février et 56% en mars), soit le plus bas niveau jamais enregistré dans l'enquête mensuelle de conjoncture de la Banque de France, avec des variations de 77% dans l'industrie pharmaceutique à 8% dans l'automobile. L'ensemble des secteurs les plus exposés aux mesures de confinement (l’industrie hors agroalimentaire, la construction, et les services marchands hors loyers et intérêts des prêts bancaires) ont réduit leur activité de 40% en avril contre 50% durant la deuxième quinzaine de mars.

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